La Thomasmesse, une autre manière de célébrer

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La Thomasmesse, une autre manière de célébrer

Julien Baumann
8 avril 2011
La Thomasmesse est une tradition d’origine finlandaise. Elle vise 
à rendre les cultes plus attrayants et participatifs. Illustration à Neuchâtel, 
en Suisse romande, où entre quatre et cinq célébrations ont lieu chaque année.

La deuxième Thomasmesse de l’année s’est tenue le dimanche 6 mars au temple du Bas à Neuchâtel. Une cinquantaine de personnes ont fait le déplacement ce soir-là. « Cette manière de célébrer s’inspire du saint Thomas qui doit toucher pour croire », explique Élisabeth Reichen, diacre et initiatrice des Thomasmesse à Neuchâtel.

L’intérieur de l’église est divisé en sept espaces de prière. Ces ateliers permettent aux participants de mettre en pratique le thème et les textes proposés durant la célébration. Ce soir, le choix des organisateurs s’est porté sur le destin d’Esther afin d’accompagner la thématique : « Ose être ce que tu es ! ».

Le culte débute en musique. Les membres de la chorale Les Messagers d’Afrique traversent le temple avant de prendre place sur scène. Les chants rythmés d’un gospel authentique apportent une touche d’exotisme à la cérémonie. Le choix musical revêt une importance particulière, précise notre interlocutrice : « Nous faisons un effort afin de proposer à chaque fois un style qui se démarque des célébrations traditionnelles. »

Trois personnes, dont Élisabeth Reichen, sont chargées de la prédication durant la soirée. La cérémonie se déroule en trois parties distinctes. La première est dédiée à la parole, la deuxième aux différents ateliers de prière et la troisième à la sainte cène.

Liberté de mouvement

Dans un premier temps, des textes tirés du livre d’Esther sont mis en scène par un petit groupe de personnes. Déguisées, elles se donnent la réplique afin de rendre le récit plus vivant. Après une petite demi-heure, place à l’essence de la Thomasmesse : la découverte approfondie du thème au travers des différents ateliers. Accompagnés par les chants africains, les participants sont totalement libres. Ils ont le choix de rester à leur place pour profiter de la musique, de circuler dans l’église, de découvrir les espaces de prière ou tout simplement d’échanger quelques mots.

Patricia, une habituée des Thomasmesse, dit aimer le côté décontracté de ces célébrations : « Cette manière de faire me touche beaucoup. Je me rends souvent à l’église, mais cette approche est pour moi un véritable plus. » Julian est un jeune homme qui vient pour la première fois à une Thomasmesse. « Je suis venu car j’aime beaucoup la musique africaine. Je ne vais pas souvent à l’église, mais le principe me séduit ce soir. Il n’est pas impossible que je revienne », dit-t-il.

Parmi les espaces de prière, on trouve par exemple un lieu où il est possible de semer une « graine de courage » dans un petit pot. Un atelier est dédié aux angoisses et aux peurs. Ceux qui s’y sont attardés ont pu inscrire sur un bout de papier les craintes dont ils sont la proie et qui leur posent problème.

D’autres espaces permettent de recevoir la bénédiction, de prier ou de se recueillir. Élisabeth Reichen affirme que cette partie intermédiaire représente tout l’intérêt de la Thomasmesse : « Nous voulons éviter que les gens s’assoient et écoutent durant une heure. En leur offrant cette liberté de mouvement, ils ont la possibilité d’être actifs dans la découverte de l’Évangile. »

Un succès en Finlande

Après ce temps décontracté, la célébration revient à une forme plus traditionnelle. La troisième partie de la Thomasmesse est consacrée à la liturgie de la sainte cène. Après une dernier chant africain, et une heure et demie de culte, l’audience est encore conviée à un souper canadien pour clore la soirée en toute convivialité.

La tradition des Thomasmesse est née à Helsinki à la fin des années 80. Aujourd’hui, entre 700 et 1 000 participants de tous âges se rendent chaque dimanche soir à l’église pour prendre part à cette célébration. À l’origine, nous explique Élisabeth Reichen, un pasteur luthérien trouvait que les cultes étaient trop rigides et n’attiraient plus assez de monde. Il s’est alors allié avec des collègues catholiques, orthodoxes, évangéliques et athées. Ils se sont penchés durant deux ans sur une nouvelle forme de culte qui pourrait rassembler un large public. « La manière de célébrer qu’ils proposent est un peu différente de la nôtre, explique la diacre, les espaces sont davantage dédiés à l’écriture de prières. »

L’affluence et le succès des Thomasmesse finlandaises ne semblent pas encore à la portée des organisateurs neuchâtelois. « En Finlande, il y a plusieurs équipes qui fonctionnent à tour de rôle. Elles ont la possibilité de mettre sur pied une célébration par semaine. Une Thomasmesse demande beaucoup de préparatifs, il est impossible pour nous d’en faire plus de 4 ou 5 par année. »

Les Thomasmesse ont inspiré plusieurs Églises, notamment en Allemagne et en Suisse alémanique.•

Cet article a été publié dans :

L'hebdomadaire français Réforme du 7 avril 2011, numéro 3411.