Le Prix Sylvia Michel 2011 ira à une infirmière zambienne

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Le Prix Sylvia Michel 2011 ira à une infirmière zambienne

4 mars 2011
Dans un esprit festif, la distinction sera remise le dimanche 20 mars à Morat. Elle vise à promouvoir les fonctions de direction pour les femmes dans les Eglises réformées. Il reste du travail.


Elle s'appelle Agnes Lisulo, vient de Senanga en Zambie et s'apprête à recevoir le Prix Sylvia Michel 2011, à Morat (FR). « Cette infirmière a été choisie pour son rôle dans la prise d'autonomie des femmes dans son pays », explique Bettina Beer, organisatrice du culte festif du 20 mars.

Sylvia Michel, rappelons-le, a été la première femme pasteure en Suisse dans les années 60 avant de prendre la présidence du Conseil synodal argovien quelques années plus tard: une première européenne. La Fribourgeoise Hedwig Schneider, qui connaît bien le cas zambien et la lauréate, l'imitait au tournant des années 80.

Du coup, après l'Eglise réformée argovienne en 2009, sa soeur fribourgeoise (EERF) est l'hôte de la remise du prix cette année. Il y a trois ans, les présidentes des Eglises réformées de Suisse, en fonction ou non, avaient choisi de récompenser deux théologiennes kényanes. Pourquoi ont-elles opté, en collaboration avec une représentante de la jeune Communion mondiale d'Eglises réformées, pour une femme d'Afrique subsaharienne active dans la santé en 2011?

De l'apiculture aux orphelins

« Grâce à l'ouverture d'un atelier de fabrication de tissus batik, d'un autre de conception de bougies, ou encore grâce à l'innovation dans le domaine de l'apiculture, Agnes Lisulo a donné un statut socio-économique à bien des femmes zambiennes », explique la théologienne fribourgeoise. Des femmes qui ont ensuite pu s'investir dans la vie des paroisses locales (United Church of Zambia); via les groupes de femmes, structures laïques bien organisées et très actives dans la diaconie (aide aux orphelins, aux handicapés,...)

« Il s'agit d'un travail durable d'un grand rayonnement », avance Martina Zurkinden, vice-présidente de l'EERF, pour motiver le choix du jury. Sa manière de répondre aux défis sociaux particuliers de la Zambie, sa fine connaissance de la problématique du sida et de la situation des réfugiés angolais ont également pesé dans la balance.

Un pas à franchir

Mais que dire de la place accordée aujourd'hui aux femmes dans des fonctions de direction au sein des Eglises réformées en Suisse? « Avec le déclin du rôle joué par les instances religieuses dans la société contemporaine, les hommes sont de moins en moins intéressés par des postes de responsables », avoue Bettina Beer, qui pilote aussi la formation des catéchètes protestants dans son canton.

Toutefois, si de plus en plus de femmes président des Conseils synodaux, « certaines n'osent pas faire le pas d'une prise de responsabilité accrue, et cela à tous les échelons et malgré leurs compétences reconnues », regrette-elle. Une tendance que le Prix Sylvia Michel pourrait contribuer à inverser.

 

Pratique
Le culte trilingue (allemand, français et anglais) et la remise du prix (5000 dollars US) auront lieu à 15h30 à l'église allemande. Ils seront entre autres présidés par le pasteur Jacques Küng, secrétaire général de DM-échange et mission. Une collation africaine pour tous sera servie dès 17h.Lire
Lire aussi l'article de ProtestInfo consacré au rôle pionnier des Eglises en matière de droit de vote des femmes.S. R.