Neuchâtel : le canton ne soutiendra pas les Eglises

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Neuchâtel : le canton ne soutiendra pas les Eglises

25 février 2011
Le canton de Neuchâtel ne s'est pas laissé attendrir par la mésaventure des Eglises avec le cigarettier Philip Morris, ni par la campagne qui vient d'être lancée où un robot remplace un pasteur. Avec un budget amputé de 850'000 francs sur un total de près de 9 millions, les réformés (EREN) devront diminuer leurs prestations à la population.


Les protestants, les catholiques et les catholiques-chrétiens sont repartis bredouilles après une rencontre avec le Conseil d'Etat neuchâtelois mercredi 23 février. Les Eglises demandaient au canton de verser 1,5 million de francs à se partager après le départ de Philip Morris pour une période de transition de deux ans.

« Nous prenons acte, a dit à ProtestInfo Gabriel Bader, président du conseil synodal de l'Eglise évangélique réformée du canton de Neuchâtel (EREN). Le canton reconnaît la valeur du travail d'intérêt public accompli par les Eglises, mais il n'est pas prêt à passer à la caisse pour l'instant.» L'étude FAKIR (lire l'article de ProtestInfo), une récente étude du Fonds national suisse de recherche, a donné une base scientifique à l'appréciation du travail des Eglises, mais cela n'a pas semblé être entendu.

« Le canton ne nous a rien dit de sa volonté politique », a poursuivi M. Bader. « Nous attendons un signal rapidement sur les activités qu'il juge pertinentes pour la population et pour lesquelles il est prêt à participer au financement. » Car sans soutien immédiat, les Eglises vont être contraintes de couper dans leurs prestations.

Avant de décider où supprimer des postes, l'EREN organise une journée synodale le 2 avril prochain. Les paroissiens et sympathisants sont invités à donner leur avis sur les pistes d'économie proposées par la direction de l'Eglise. Les services d'intérêt généraux, les interventions dans les lieux publics sont les premiers visés, dans le domaine social comme dans celui de l'accompagnement spirituel.

Actuellement, le canton finance des prestations qu'il reconnaît d'utilité publique à environ 40% de leurs coûts. « C'est le cas pour le travail d'aumônerie dans les hôpitaux, En revanche, les aumôniers de prison sont davantage à charge des Eglises, a souligné M. Bader. Les participants à la journée synodale devront nous dire s'ils entendent développer des partenariats à hauteur de 60 ou 70%. » Poursuite du dialogue Plus réjouissant, le dialogue se poursuit avec le Conseil d'Etat sur le long terme. « Le montant alloué via le concordat pourrait être revu à la hausse dans deux ans, mais nous n'avons obtenu aucune promesse ferme », a lâché le Neuchâtelois. Des rencontres sont déjà programmées.

Une campagne de récolte de fonds vient d'être lancée, où l'EREN espère trouver 200'000 francs. « Nous ne cherchons pas seulement des fonds, nous voulons aussi montrer ce que nous faisons. En particulier que nous mettons des personnes au service de la population », a relevé le président.

Le démarchage auprès des entreprises se poursuit, « mais c'est un effort de longue haleine ». Quelques Eglises, comme celle de Zoug, ont versé des dons par solidarité. « Nous ne voulons pas quémander ». Sans oublier que la solidarité est difficile à appliquer entre les Eglises cantonales compte tenu des différence de financements, par l'impôt ou par la contribution volontaire. Eviter la dépendance Une chose est sûre, l'EREN ne tient pas à tomber dans une nouvelle dépendance comme elle l'était avec le cigarettier. « Nous cherchons une solution ici, une nouvelle manière d'être Eglise dans le canton de Neuchâtel », selon M. Bader.

Les problèmes financiers des Eglises sont d'autant plus douloureux qu'elles vont devoir renoncer à offrir aide et soutien dans une période où le canton de Neuchâtel fait face à une grande fragilité financière et sociale.

Les protestants, les catholiques et les catholiques-chrétiens ont travaillé depuis plusieurs semaines à trouver des solutions pour financer le trou de 1,5 million de francs dans leurs comptes 2010 entraîné par la décision de Philip Morris de cesser le paiement de sa contribution ecclésiastique, ont-ils indiqué dans un communiqué vendredi. Cette dernière avait informé les Eglises fin novembre 2010 de leur décision entrant en vigueur pour l'année écoulée. T. B.
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Les articles de ProtestInfo sur l'EREN et le désengagement de Philip Morris :