Les Eglises dépendent des bénévoles

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Les Eglises dépendent des bénévoles

Hans Lichtsteiner
7 novembre 2010
Les Eglises dépendent de la collaboration de bénévoles : plus de 36 % des heures de travail fournies dans les organisations religieuses à but non lucratif NPO sont le fait de bénévoles. Selon une étude récente de l’Institut pour la gestion des associations VMI de l’Université de Fribourg, ce chiffre est au-dessus de la moyenne.


et Stefan Bächtold *, Bulletin de la FEPS

Les organisations dont le profit n’est pas l’objectif mais qui sont au service d’une cause constituent le secteur tertiaire de la Suisse. Leurs activités viennent compléter les offres de l’économie de marché et celles de l’Etat, elles accomplissent ainsi un travail important sur le plan sociopolitique – que ce soit dans le domaine social, culturel, économique, mais aussi spirituel. Parmi ces organisations sans but lucratif NPO, on trouve également les Eglises.

Mais, étant donné que les réalisations des NPO ne sont prises en compte que de façon marginale et ne figurent qu’à peine dans les statistiques, l’Institut pour la gestion des associations VMI de l’Université de Fribourg a récemment tenté de les prendre en compte dans le cadre d’une étude de grande ampleur et de les présenter sous forme condensée. Cette étude indique, entre autres choses, qu’il faut accorder au bénévolat une importance tout à fait particulière dans l’organisation des Eglises.

Par rapport à l’ensemble du marché du travail en Suisse, l’étude du VMI estime à près de 80 000 postes à plein temps les bénévoles travaillant chaque année pour des NPO – qu’il s’agisse d’aide aux personnes démunies, de loisir personnel, ou du bien commun. Ce qui correspond à près de 2 % du volume total du travail accompli en Suisse. Ce sont environ 25 % de la population entre 15 et 75 ans qui accomplissent ces tâches. Ces personnes s’investissent en moyenne 12,8 heures par mois en tant que bénévoles pour des NPO. Il existe d’importantes différences entre femmes et hommes quant aux secteurs d’engagement (lire ci-dessous).

En ce qui concerne les institutions d’Eglise, les femmes sont nettement plus nombreuses à s’y investir. Si l’on songe que plus de 36 % des activités effectuées dans les NPO religieuses sont le fait de bénévoles, on voit bien que, sans l’engagement et les diverses compétences apportées dans les institutions par ces personnes, la plupart des organisations religieuses seraient totalement incapables de poursuivre leurs activités sous la forme actuelle.

Cela n’a rien d’exceptionnel ; la situation est analogue dans la plupart des domaines d’activité des NPO. Toutefois, dans les organisations religieuses, la part du travail bénévole se situe légèrement au-dessus de la moyenne. Dans le secteur religieux, le bénévolat est très légèrement inférieur en importance à ce qu’il est dans des domaines citoyens et consommateurs, ou en politique, mais il est beaucoup plus important que pour ce qui est, par exemple, des questions d’environnement et de protection de la nature.
Le travail des bénévoles dans l’Eglise
représente 150 millions de francs.


L’importance de l’investissement des béneévoles dans les organisations religieuses apparaît nettement lorsque l’on considère la valeur en argent du travail fourni. S’il fallait rémunérer ces prestations, fournies sous les formes les plus diverses au service de la religion, cela correspondrait à un montant considérable : l’étude du VMI estime à plus de 150 millions de francs suisses le travail apporté chaque année sous forme de bénévolat. D’un point de vue budgétaire, le bénévolat est donc également indispensable pour les organisations religieuses.

L’étude du VMI ne s’est occupée que des organisations sans but lucratif NPO privées. Selon les critères internationaux habituels, ne font partie de cette catégorie que les organisations explicitement séparées de l’Etat. En ce qui concerne les Eglises, cette situation est ambiguë, car, étant donné que dans la plupart des cantons on prélève l’impôt ecclésiastique par l’intermédiaire de la déclaration d’impôt officielle, les grandes Eglises reconnues par l’Etat n’entrent pas dans la catégorie des NPO privées et ne sont pas suffisamment traitées dans cette étude.

Toutefois, il est évident que le nombre déjà impressionnant de bénévoles engagés dans le secteur religieux pourrait en réalité être encore plus important. Ainsi que la contribution apportée à notre société par toutes ces personnes.

QUELQUES CHIFFRES

  • Parts du travail bénévole et du travail rémunéré dans les organisations religieuses
Travail bénévole: 36 %
Travail rémunéré: 64 %

  • Participation au bénévolat institutionnalisé en fonction des catégories et des sexes, en pourcentage du nombre d’habitants
Associations sportives: Hommes 11,4 %, Femmes 5,0 %
Associations culturelles: H 5,8 %, F 3,9 %
Organisations sociocaritatives: H 2,7 %, F 4,4 %
Institutions ecclésiastiques: H 2,7 %, F 4,3 %
Groupes d'intérêt: H 5,1 %, F 3 %
Services publics: H 3,1%, F 1,3%
Partis politiques, services: H 2,3 %, F 1,0 %


* L’économiste Hans Lichtsteiner est directeur de la formation continue à l’Institut pour la gestion des associations VMI de l’Université de Fribourg ; Stefan Bächtold, BA en sciences sociales, est collaborateur scientifique du VMI et associé au projet d’étude.

  • L’étude Der Dritte Sektor der Schweiz de l’Institut pour la gestion des associations de l’Université de Fribourg, est paru en octobre 2010 aux Editions Paul Haupt, Berne.
  • Cet article a été publié dans le dernier Bulletin de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (FEPS).