Genève : les Eglises n’ont plus accès aux listes d’élèves

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Genève : les Eglises n’ont plus accès aux listes d’élèves

Anne Buloz
4 octobre 2010
Cette année, pour la première fois, le Département de l’instruction publique, de la culture et du sport (DIP) n’a pas transmis la liste des élèves, avec mention de leur confession, aux Eglises genevoises. Un revirement que n’attendait pas et que regrette l’Eglise protestante de Genève (EPG). Les paroisses utilisent notamment cette liste pour inviter les enfants à participer au catéchisme.




Ce changement d’une habitude inscrite dans le temps n’est dû ni à un choix politique ni à une volonté de respecter strictement la séparation entre les Eglises genevoises et l’Etat laïc, mais à l’ajout d’un chapitre à la loi sur l’information du public et l’accès aux documents (LIPAD). Quelques 5000 élèves figurent sur cette liste.


« Il n’y a absolument aucune autre raison à cela. Genève était l’un des rares cantons à ne pas avoir encore de loi protégeant les données récoltées par l’administration. Nous avons dû nous adapter et changer notre mode de fonctionnement suite à l’introduction de cette loi », assure Jacqueline Horneffer, secrétaire générale adjointe du DIP.

Casse-tête pour les Eglises

Entré en vigueur le 1er janvier 2010, ce nouveau titre règlemente le fonctionnement des administrations quant à la protection des données personnelles. Les informations sensibles, dont font notamment partie les opinions religieuses, bénéficient désormais d’une protection plus stricte. « Nous sommes en train de nous renseigner pour savoir s’il ne peut pas y avoir une application un peu plus souple de cette loi », espère Jean Biondina, directeur de l’EPG.

Un courrier envoyé conjointement par l’Eglise protestante de Genève et l’Eglise catholique romaine a reçu une réponse négative de Charles Beer, conseiller d’Etat en charge du DIP. « Cette liste est très utile pour les paroisses, qui s’en servent pour proposer aux parents d’inscrire leur enfant au catéchisme. Ne par la recevoir nous prive de l’une des possibilités que nous utilisons pour entrer en contact avec les familles. C’est aussi une ressource pour l’actualisation de nos données », regrette Jean Biondina.

L’EPG a utilisé le registre 2009 pour contacter les familles protestantes après la dernière rentrée scolaire. Elle cherche cependant toujours une solution pour obtenir à nouveau ces précieuses adresses, avec des méthodes de « dialogue et de respect ». Elle se renseigne notamment au niveau fédéral, afin de savoir plus précisément qui peut avoir accès à ces coordonnées, avant de peut-être être contrainte de s’adapter à cette nouvelle donne.

Cet article a été publié dans :

Le quotidien romand Le Temps.