Costa Rica: une Uni pour la paix dans un pays démilitarisé

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Costa Rica: une Uni pour la paix dans un pays démilitarisé

1 juillet 2010
Revolver noué devant l'ONU à New York

San José - Le Costa Rica est réputé pour être le premier pays à avoir aboli son armée en 1948. C'est pourquoi il est le siège de l’Université pour la Paix, cette nouvelle institution onusienne. La théologienne neuchâteloise Muriel Schmid, actuellement professeure à l'Université américaine de l'Utah, y explore la thématique politico-sociale des conflits. Elle répond aux questions de ProtestInfo.


ProtestInfo: Qui participe à ce cours et quelles en sont les implications concrètes?

MS: Nous sommes une douzaine de personnes représentant une dizaine de nationalités. Une petite communauté se crée, éphémère, qui se passionne pour l'analyse des conflits et les rêves d’interventions réussies. Un laboratoire en quelque sorte. Il faudra en sortir et voir ce que cela donne au grand jour. Je me demande quels sont les liens entre cette Université et les ONG du Costa Rica. Il n’y en a pas, m'explique-t-on. Quelques personnes, en aparté, osent me dire à quel point cela est regrettable.


P: Vous avez découvert un centre pour la paix?

En bas dans la vallée, au centre-ville de San José, il existe un centre pour la Paix, un petit local qui ne paie pas de mine. À l’origine, ce centre est l’œuvre des Quakers, une branche du protestantisme. Aujourd’hui, ce centre rassemble des gens de toutes dénominations qui luttent ensemble pour une meilleure justice sociale au Costa Rica. Cela concerne les droits des populations indigènes, les droits des immigrants nicaraguayens, les problèmes écologiques, le lobby politique, etc.  Entre le haut et le bas, entre le petit centre pour la Paix et la grande Université pour la Paix, un monde s’étend !


P: Vous êtes perplexe?

MS: Je reste perplexe, prise entre ces deux pôles. Comment peuvent-ils se rejoindre ? Mais dans le fond, cela ne renvoie-t-il pas à la séparation souvent décriée entre monde universitaire et monde du terrain ? Que peut-on y faire ? En tant que théologienne, je ne peux rester indifférente à cette question. En fait, elle me préoccupe de plus en plus et me décourage souvent. Mon détour chez les Quakers, qu’ils soient de Palestine, du Costa Rica, d’Angleterre ou des États-Unis m’oblige sans cesse à repenser le lien entre foi chrétienne et engagement, choix théologiques et conséquences pratiques. Et plus j’y pense, plus je réalise que la foi n’est jamais une affaire strictement privée ; elle a toujours d' incommensurables ramifications sociales et politiques.

Là-haut sur la montagne...

Quand on arrive sur le campus de l’Université pour la Paix des Nations Unies, on a l’impression d’être coupé du monde. Pour s’y rendre, il faut prendre un bus au centre de San José, la capitale du Costa Rica, en direction de Ciudad Colón ; le trajet dure entre 45 et 60 minutes. Une fois à Ciudad Colón, il faut encore attraper la navette de l’Université pour la Paix ou prendre un taxi afin de couvrir les derniers 7 km sur une route d’accès très étroite et tortueuse. L’endroit est magnifique, reposant, perdu au milieu des plantations de café, avec une vue imprenable sur la vallée qui mène à San José. MS

 

INFOS

L’Université pour la Paix de San José a été fondée en 1980 après l'adoption de la résolution 35/55 de l’Assemblée générale des Nations Unies. Elle offre pour la deuxième année consécutive des cours intensifs en juin pour les personnes qui souhaitent suivre un séminaire d’introduction générale à l’analyse des conflits et leurs gestion.