Le Musée du Père Noël à St-Imier:La star des commerçants a-t-elle perdu son âme?

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Le Musée du Père Noël à St-Imier:La star des commerçants a-t-elle perdu son âme?

11 décembre 2003
Le Musée du Père Noël s'est installé à St-Imier au Centre culturel d’Erguël
Les Chaux-de-fonniers Suzanne et Carol Gertsch y exposent leur extraordinaire collection de figurines et d'objets se rapportant au bonhomme barbu qu'ils ont ramenée des quatre coins du monde. Mais qui se cache derrière le personnage devenu l'emblème de notre société de consommation ? L’exposition invite à la réflexion sur le véritable sens de Noël.« Ici, c’est toi le Père Noël, qu’est-ce que tu as envie d’offrir ? » Suzanne Gertsch invite les enfants qui visitent le Musée du Père Noël à comprendre que chacun peut être un Père Noël pour l’autre. Décontenancés, les jeunes visiteurs finissent par réfléchir au sens de la générosité, à ce qu’ils pourraient faire, eux, pour donner un peu de bonheur autour d'eux. Les enfants ne s’attendaient visiblement pas à mener une telle démarche, eux qui sont en général sont les principaux bénéficiaires des largesses du peronnage mythique. Le Père Noël ça donne des cadeaux, ça apporte des jeux video et tout ce qu’on a pointé dans les catalogues, un point c’est tout. Après il s’en va. On repensera à lui l’an prochain à pareille époque, à l'heure de compléter sa panoplie de jeux et de jouets.

Le Bon Enfant présenté sous des aspects parfois surprenants, drôles et souvent kitsch, ne distribue rien à l’exposition, ne vend rien et ne participe à aucun chantage affectif ou marchand. Aucune boutique, pas le moindre comptoir où acheter des souvenirs de l’exposition. Carol Gertsch, peintre de fresques en trompe-l’œil, qui se présente comme un « bâtisseur d’images », et sa femme Suzanne, enseignante et psychothérapeute, ne tiennent pas à ajouter à la surenchère commerciale. Le couple veut simplement restituer la magie du mythe lié au solstice d’hiver, quand la nuit est si noire et dense qu’on a besoin de s’inventer des lumières et des espoirs auxquels s’accrocher. Croire au Père Noël, n’est-ce pas souhaiter une vie et un monde meilleurs, espérer que l’impossible le soit moins, souhaiter que la lumière revienne ?

L’exposition décline les mille et une représentations du célèbre personnage qu’on a mis à toutes les sauces au cours du temps. On y retrouve l’austère silhouette en houppelande de saint Nicolas, le Baba Nikola des Turcs, les Santa Klaus bedonnants et rougeauds des Américains, mais aussi d'extraordinaires Père Noël façonnés en Inde et en Afrique, taillés dans des bois flottés, réalisés avec toutes sortes de matériaux récupérés ou détournés qui leur donnent des allures d'oeuvres d'art brut. On y trouve aussi des Pères Noël dansants, chantants ou se dandinant de façon rigolotte grâce à des piles. Il y en a même un, allongé dans de la neige synthétique, qui ronfle bruyamment quand on lui serre la main, et qui amuse beaucoup les tout petits. Dans le foisonnement d'objets exposés, on trouve aussi l’inévitable Père Noël dont Coca Cola a fait son emblème.

Tous ces personnages, du géant gonflable au petit santon, ont été rapportés des voyages au long cours par Carol Gertsch qui aime bien croire au Père Noël et en a fait le porteur de ses aspirations à un monde meilleur, à un univers apaisé. « Le Père Noël est un passeur qui est la générosité même et qui encourage au don de soi. Il rappelle, à la manière d’un personnage de conte de fées, l’amour du prochain qu’annonce la Nativité ». Une éthique souvent perdue de vue dans la nuit aveuglante du toc de Noël, que ce couple neuchâtelois aimerait bien, l'espace de quelques jours, rappeler à tous, grands et petits.