Le Musée International de la Réforme à Genève prend forme:Calvin bientôt dans ses meubles

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Le Musée International de la Réforme à Genève prend forme:Calvin bientôt dans ses meubles

12 novembre 2003
Genève aura son Musée International de la Réforme, digne de sa réputation de capitale du protestantisme
La Fondation qui porte le projet à bout de bras a présenté jeudi matin les grandes lignes d'une d’une scénographie qui devra rappeler les origines de la Réforme, mais aussi son esprit d’ouverture et de liberté. Inauguration prévue en avril 2005.

Reconnaîtra-t-on Calvin dans le visage souriant que comptent bien lui donner les concepteurs du futur Musée International de la Réforme qui ouvrira ses portes en avril 2005 à Genève ? On a tellement l’habitude de le voir comme un barbon rabat-joie au teint jaunâtre, qu’on en oublie que lorsqu’il est arrivé en 1536 à Genève, Calvin n’avait que 27 ans, et quà l'invitation de Guillaume Farel, il a façonné par son dynamisme de sa pensée et de son action le destin de la ville, en a fait la ville refuge de milliers d’hommes et de femmes qui fuyaient les persécutions et cherchaient un lieu pour célébrer leur culte. C’est à cette époque que remonte la vocation internationale de Genève qui devint un des centres de la chrétienté occidentale, la "Rome des protestants". Grâce au climat de liberté que la Réforme installa dans la jeune république du bout du lac, la ville devint peu à peu la métropole des sciences, ainsi qu’un laboratoire des révolutions politiques. Tout cela, le Musée le rappellera à travers ses salles, conçues pour dépoussiérer des clichés, rendre vivant l’esprit de la Réforme.

Passage souterrain

Le futur Musée International de la Réforme sera logé dans la Maison Mallet, Cour Saint-Pierre, où viennent de débuter les travaux d’aménagement. La demeure patricienne, qui date de 1719, est un lieu hautement symbolique : c’est là que s’élevait autrefois le cloître Saint-Pierre et que fut adoptée la Réforme, le 21 mai 1536.

Coût total de l’opération : 4 millions, dont 3,3 millions proviennent de fonds privés et de donateurs anonymes. 900'000 francs doivent encore être trouvés d’ici à l’inauguration du Musée, qui a été repoussée de novembre 2004 au printemps 2005, qui seront destinés à la mise sur pied des projets particuliers, notamment une boutique et un concept de visite ludique pour les enfants.

Grâce à une collaboration avec la Fondation Clés de Saint-Pierre, le Musée sera relié par un passage souterrain au site archéologique sous la cathédrale Saint-Pierre. Ainsi réunies, les différentes entités donneront naissance à l’Espace Saint-Pierre, qui enrichira l’offre touristique genevoise et répondra mieux aux attentes des visiteurs réformés venus du monde entier découvrir leurs racines et jusque-là souvent déçus.

De la Bible au banquet virtuel

Une première salle consacrée à la Bible rappellera qu’elle est le fondement même de la Réforme au 16e siècle, dans laquelle les Réformés puisèrent un message essentiel : le salut gratuit apporté par Jésus Christ, et offert à tous les croyants. La découverte et le développement de l’imprimerie contribuèrent à mettre la Parole de Dieu à la portée de chacun. C’est ainsi que Luther, Zwingli, Calvin et d’autres théologiens après eux la traduisirent en langue populaire, afin que le plus grand nombre ait un accès direct à l'Ecriture.

Une autre salle présentera la polémique violente que la Réforme a déclenchée entre partisans de l’ancienne foi regroupés autour du pape de Rome, et les adeptes de la foi nouvelle que des dessins et des caricatures virulentes ont stigmatisée. Dans l’ancien grand salon de la demeure, il y aura des fauteuils pour permettre de suivre l’aventure des réformateurs retracée par un spectacle audio-visuel. Dans la bibliothèque, le visiteur découvrira une précieuse collection de livres et de gravures du 16e siècle, qui retrace l’expansion de la réforme calviniste en France, ainsi que les persécutions dont les huguenots furent les victimes. Une salle sera dédiée à la Genève de Calvin, qui vit doubler sa population entre 1550 et 1560, un banquet virtuel sera reconstitué, présidé par Calvin, et où l’on pourra, suivre grâce à des baladeurs, les opinions divergentes de célèbres convives, - dont Jean-Jacques Rousseau !- sur la prédestination, la question du salut pour les uns, de l’enfer pour les autres.

Si l’on n’échappera pas aux portraits d'un Calvin austère vu par les artistes du 19e siècle, notamment un portrait fait par Anker, l’esprit dans lequel est conçu la présentation du Musée aura de quoi surprendre le visiteur, promettent en chœur Olivier Fatio, président du Conseil de Fondation, et William Mac Comish, pasteur de la paroisse Saint-Pierre-Fusterie, qui entendent réconcilier les Genevois avec le calvinisme.