Le DM a 40 ans:La mission à l'heure du travail communautaire

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Le DM a 40 ans:La mission à l'heure du travail communautaire

6 novembre 2003
A Lausanne, du 21 au 23 novembre prochains, le Département missionnaire des Eglises protestantes romandes fêtera son 40e anniversaire
De retour du Chiapas, un jeune ingénieur spécialisé dans les questions environnementales incarne le nouveau visage de la mission. Perspectives. Le Département missionnaire(DM) des Eglises romandes souffle ses 40 bougies. Comme ailleurs, la définition même du travail missionnaire a beaucoup changé. Aujourd’hui, la majorité de la quarantaine d’envoyés du DM oeuvre à des projets de travail communautaire. « La mission a évolué dans la forme, pas dans l’esprit, qui reste la volonté d’apporter la vérité du Christ. A l’étranger, nos collaborateurs doivent enclencher un processus, catalyser des énergies pour déboucher sur le renforcement des compétences communautaires. L’important étant que les gens aient les moyens de se prendre en charge eux-mêmes », explique Nancy Carrasco-Paredes, responsable de la région Amérique latine au sein de l’institution basée à Lausanne.

Vincent Delsperger correspond bien au visage de cette nouvelle espèce de missionnaires. Il rentre d’une année passée au Mexique, dont la moitié en tant que civiliste. Ingénieur au bénéfice d’une spécialisation en questions environnementales, il a été chargé de répertorier les besoins en la matière et la situation sur place . « Il s’agissait notamment de repérer des lieux de partenariat stables », explique le jeune homme dont la première partie du mandat a consisté à fabriquer, depuis la capitale, du matériel didactique pour l’un des projets onusiens sur l’environnement. « Je suis ensuite allé au Chiapas, pour effectuer un travail sur le terrain avec les agriculteurs ».

Dans cet Etat parmi les plus pauvres du Mexique, la déforestation massive et l’arrivée de produits bon marché induite par l’accord de libre-échange du continent américain rend la vie des populations indigènes plus difficile encore. « Elles ont de moins en moins accès au marché mondial et doivent retourner à une production d’autosuffisance qui s'apparente à la survie ».

Autrefois grand exportateur de maïs, sa culture principale avec le café, le Mexique doit désormais en importer. Les paysans doivent diversifier leurs cultures, intégrer des techniques de conservation des aliments, tenter de trouver de nouveaux débouchés pour leurs produits. « Normalement, je dois repartir en janvier prochain. Il y a encore beaucoup à faire pour installer les choses sur le long terme », souligne Vincent Delsperger. A l’écoute des besoinsLa concrétisation de ce qui n’a été qu’ébauché fera peut-être l’objet d’un nouveau mandat. Grâce à son « étiquette » Département Missionnaire, l’ingénieur a pu entrer facilement en contact avec les communautés évangéliques, très présentes au Chiapas où elles représentent 30% des chrétiens, soit le taux le plus élevé de l’Amérique latine avec le Guatemala. « En revanche, certains ne comprennent pas tout de suite pourquoi une œuvre missionnaire se préoccupe de ce genre de choses. Il faut alors expliquer notre perspective ». Une nouvelle manière d’inventer le rapport avec le Sud, basé sur le dialogue et le partenariat.

« Le DM est en lien avec de nombreuses Eglises du Sud. Chacune se détermine sur un programme missionnaire, avec aussi des éléments liés au culte ou au catéchisme ; ou encore des enjeux sociaux, médicaux, écologiques, scolaires », explique le directeur du DM Olivier Labarthe. La diversité des volontaires salariés est évidente, allant de l'aumônier engagé dans des écoles d'Abidjan, à l'envoyé qui travaille sur les liens entre écologie et économie. Autre initiative originale initiée par le DM, la formation de guetteurs dans plusieurs Eglises camerounaises, capables d'intervenir dans les différents domaines de la vie quotidienne. Le DM se mouille aussi pour la survie des ethnies opprimées, tels les bushmen de Namibie, des cueilleurs devenus des parias de la société. « Le principe est toujours le même, résume Olivier Labarthe. Etre à l’écoute de l’autre et entendre aussi ce qu’il peut nous dire sur notre propre manière de vivre l’Evangile ».