Les Unionistes vaudoises en quête de visibilité

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Les Unionistes vaudoises en quête de visibilité

5 novembre 2003
Débordant d'énergie, les Unions chrétiennes vaudoises sont les plus actives de Suisse
Coup de projecteur sur ce mouvement méconnu, présent dans notre pays depuis 150 ans. « Les Unions chrétiennes féminines (UCF) ont toujours eu une longueur d’avance sur leur temps avec des idées très novatrices. Il faut simplement que nous osions nous mettre en avant ». Martine Dell’Orefice préside les UCF vaudoises depuis 1999. Dans 2 ans, le mouvement fêtera ses 125 ans dans le canton, alors que 2002 a marqué son 150e anniversaire national.

Malgré une présence dans quelque 90 pays avec près de 25 millions de membres (lire encadré), les Unions chrétiennes féminines semblent appartenir à ces vieilleries dont plus personne ne se souvient. « L’une des réactions classiques consiste effectivement à s’étonner que nous existions encore », constate Martine Dell’Orefice. A Neuchâtel, le récent succès de la « Villa Yoyo », qui accueille les enfants à la sortie de l’école dans un quartier populaire, pour éviter qu’ils ne traînent dans la rue, a amené une publicité bienvenue. « Une initiative semblable devrait voir le jour à Genève et à Yverdon », se réjouit la présidente des UCF vaudoises. Méconnues, même des EglisesSecouées par une grave crise financière à Genève, désormais absentes de Fribourg, du Jura et du Valais, les UCF se concentrent en Suisse allemande autour des « cadettes », l’équivalent féminin des scouts. Dans ce contexte, forte d’un enthousiasme renouvelé, la section vaudoise fait figure d’exception helvétique, malgré ici comme ailleurs une grande difficulté à renouveler ses membres dont la moyenne d’âge ne cesse d’augmenter. Elles sont encore 500, dont une bonne moitié de bénévoles. Quelques professionnelles, aussi, dont quatre animatrices salariées à mi-temps. L’une des activités les plus connues des unionistes vaudoises sont les « visiteuses », rebaptisées en 2002 « Elles Entr’aide ». Preuve d’une reconnaissance publique précoce, ce service fut créé voilà 40 ans à la demande du Tuteur général s’inquiétant de la situation des mères célibataires. Aujourd’hui, à travers plusieurs groupes de partage et d’entraide disséminés dans le canton, l’offre s’est élargie et concerne toutes les femmes en difficulté, qu’elles soient requérantes d’asile, toxicomanes ou sans papiers.

Mais les UCF vaudoises, ce sont aussi de nombreux camps de ski à petit prix ou à l’intention des mères avec enfants, des rendez-vous réguliers à Crêt-Bérard pour des séminaires et des retraites, des ateliers créatifs ou encore des groupes de lecture dans lesquels environ 800 femmes se retrouvent chaque année depuis 40 ans. Par ailleurs, qui se souvient encore que le foyer des Aubépines pour adolescentes en rupture appartient aux UCF ? Ou que des « maisons ouvertes » chères à Françoise Dolto ont vu le jour dans la région bien après l’ouverture il y a dix ans des rencontres « Arc-Echange », basées sur le même principe de dialogue entre enfants et entre parents ? « Lorsque quelqu’un finit par arriver jusqu’à nous, elle est souvent surprise de ne pas se retrouver entre dames qui tricotent », glisse Martine Dell’Orefice, rappelant par exemple qu’actuellement 7 réunions « Arc-Echange » se déroulent chaque semaine dans le canton.

Les Vaudoises espèrent bien pallier à ce déficit d’image et se faire mieux connaître. Les 14 et 15 novembre, à Lausanne (casino de Montbenon), leur traditionnel « Marché aux senteurs » devrait y contribuer, tout comme l’engagement de deux nouvelles recrues pleines d’idées. Il y aura du pain sur la planche, puisque, comme le reconnaît la présidente, le terrain à reconquérir est d’abord interne au petit monde protestant : « Beaucoup de pasteurs, notamment, ne savent même plus que nous existons alors que la plupart de nos membres sont très actives dans leurs paroisses. Nous devons aussi nous montrer davantage à l’intérieur de l’Eglise ».