Colloque romand sur le soutien aux aidants familiaux :Comment soulager les familles qui s’occupent de parents âgés ?
La population vit actuellement en meilleure santé que dans les années 70. Une étude de Christian Live d’Epinay sur la santé des personnes âgées révèle que 31 % des retraités interrogés en 1979 avaient de la peine à vivre seule à domicile. En 1994, elles ne sont plus que 24 %. Il y a actuellement un véritable hiatus entre le discours politique alarmiste sur ce que coûtera la population vieillissante aux jeunes générations, et la pratique. Le maintien à domicile, accusé de peser lourd dans les budgets de santé, correspond en fait à 2% de l’ensemble des frais sanitaires en Suisse. « On ne parle que du coût des soins à domicile, on ne cherche jamais à évaluer le poids de l’entreprise de maintien à la maison sur les familles », relève Olivier Taramarcaz, coordinateur romand de l’action sociale Pro Senectute. « Deux tiers des personnes souffrant de la maladie d’Alzheimer sont soignées, soutenues, accompagnées à domicile par leur entourage avec l’aide de professionnels de la santé ». Or, on n’évalue jamais la somme de travail que cela représente. Il ressort d'une étude intercantonale englobant Genève, Vaud et Fribourg que l'’admission en établissement médicalisé trouve souvent son origine dans l’épuisement des proches qui n’arrivent plus à assurer quotidiennement leur accompagnement.
Ce sont presque toujours des femmes, souvent elles-mêmes âgées ou au seuil de leur propre vieillesse, qui s’occupent de leurs parents ou de leur conjoint, fait remarquer Maryvonne Gognalons-Nicolet, professeure à l’Université de Genève, responsable de l'Unité d'investigation clinique à l'Hôpital universitaire de Genève (HUG).
A ces femmes, il est toujours plus demandé, sans qu’on reconnaisse pour autant leur travail. Souvent elles s’épuisent sans que personne ne vienne à leur secours, ne prenne la relève pour leur permettre de souffler. Leur contribution au système de santé et d’entraide estcomplètement sous-estimée et passée sous silence. En vieillissant elles-mêmes, elles deviennent plus vulnérables, s’épuisent à la tâche et n’arrivent plus à prendre en charge tous les besoins de la personne dont elles s’occupent quotidiennement. A ces femmes, à tous ceux, proches et parents qui accompagnent une personne dépendante, il est urgent d’apporter une aide, d'offrir des moments de répit.
Mais de quelle nature doit être cet appui ? C’est ce que chercheront à définir ensemble les 28 intervenants inscrits au programme de ces deux journées de colloque organisé par la Fondation Leenaards, Pro Senectute Suisse, les Hôpitaux universitaires de Genève et l’Université de Lausanne. Parmi les orateurs qui prendront la parole, relevons Angeline Fankhauser, présidente du Conseil Suisse des Aînés, Louise Lévesque de la Faculté des sciences infirmières de l’Université de Montréal, Elisabeth Franken, qui représente un groupe bruxellois de parole pour les seniors en charge de parents âgés et François Huber de l’Office fédéral des assurances sociales à Berne.