Les Eglises aident les parents seuls

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Les Eglises aident les parents seuls

23 octobre 2003
Suivant l’exemple vaudois, une paroisse neuchâteloise propose dès le mois prochain un groupe de rencontre et d’information à l’intention des familles monoparentales
Un service communautaire qui vient combler une lacune dans l’aide sociale existante, sans prosélytisme et avec la volonté de rejoindre l’autre dans ce qu’il vit. « L’Eglise nous marie, baptise nos petits, mais que propose-elle lorsque l’on se retrouve seule après un divorce ? » De ce constat en forme de demande formulé après un culte, naît aujourd’hui sur les bords du lac de Neuchâtel un groupe d’échange et de contact pour « parent seul avec enfants ». Martine Robert, diacre de proximité au sein de l’Eglise réformée du canton de Neuchâtel (EREN) depuis 3 ans, a entendu le souhait de Marie-Claude Borel, la jeune maman en question. « Cette initiative entre pleinement dans la nature de mon travail. Elle est née d’une envie, de la formulation d’un besoin et de la tentative d’y répondre ».

Les rencontres auront lieu dans la salle de la paroisse du Joran, à Cortaillod. A terme, ses deux animatrices espèrent attirer des gens de tout le bas du canton, puis susciter d’autres ouvertures à travers l’ensemble de la région. « C’est ainsi que cela s’est passé sur Vaud, explique Marie-Claude Borel. Un groupe s’est créé lors de la rentrée scolaire 2000 dans la région de Lavaux. Moins de deux ans plus tard, le canton en comptait quatre ».

A Neuchâtel comme sur Vaud, ce projet d’Eglise vient combler une lacune dans l’éventail de l’offre sociale. Martine Robert : « A notre connaissance, rien n’existait pour créer un lien, une solidarité à l’intention spécifique des nombreuses personnes vivant seules avec leurs enfants ». D’autant qu’au contraire de Vaud, le canton ne regroupe aucune association dans ce domaine.Travailler en réseauL’expérience montre pourtant que de tels réseaux correspondent à un réel besoin. « La plupart des familles monoparentales sont confrontées à une série de réalités pas toujours simples à affronter », explique Marie-Claude Borel, qui vit seule avec ses deux enfants. Problèmes de finance, d’organisation, de logement, d’horaire, sans même parler de l’aspect psychologique qui consiste à affronter désormais seul l’éducation et la responsabilité de parent. Dans un tel groupe, les enfants en rencontrent d’autres, se sentent moins isolés. De leur côté, papas et mamans peuvent discuter, trouver des solutions ensemble, s’informer grâce à l’intervention de spécialistes extérieurs : juristes, pédagogues, assistantes sociales. « Le but consiste naturellement à travailler en réseau, en complémentarité avec Caritas, le Centre social protestant ou les services de l’administration », souligne Martine Robert. Le fonctionnement du groupe, les horaires de rencontre, dépendront des attentes exprimées, avec certainement, selon ce qui se passe ailleurs, l’alternance de moments entre adultes avec l’organisation d’une garderie, et d’instants de rencontres entre générations.

A Morges par exemple, Corine Richard, diacre elle aussi, anime un petit groupe depuis juin 2002. Celui mis sur pied à Nyon par sa camarade Magali Borgeaud regroupe une bonne trentaine de personnes. « Ici, nous sommes moins, environ une dizaine de pères et de mères qui viennent assez irrégulièrement ». Etant donné le nombre de personnes concernées, Il pourrait y en avoir bien davantage, mais « les gens ont parfois du mal à effectuer cette démarche, à reconnaître qu’ils ne s’en sortent pas seuls ». Sans oublier que cette situation engendre souvent une indisponibilité chronique. « Et quand on a un peu de temps, on peine à se l’offrir à soi-même ».

Les rencontres ont lieu à un rythme mensuel, avec d’une part des activités communes et de l’autre des temps de débat sur un thème choisi à l’avance. Lors de la dernière séance, par exemple, un psychologue scolaire était invité pour parler des petits soucis liés à la rentrée des classes. Parfois, et c’est aussi l’une des finalités de ces contacts, les liens qui se tissent entre parents débordent largement le cadre de ces rendez-vous.

Corine Richard et Martine Robert proposent une approche non confessionnelle, sans aucun prosélytisme. « Mais naturellement, si une demande d’ordre spirituel se fait jour, je peux y répondre en tête à tête ou avec tout le groupe », indique la Neuchâteloise. Pour sa part, Corine Richard explique clairement aux participants la nature de son engagement, mais le place sous le signe d’une solidarité au quotidien et de la possibilité de rencontrer l’autre tel qu’il est, en adéquation avec son ministère de proximité. UTILE

Prise de contact du groupe « Parent seul avec enfants », le 8 novembre prochain dès 17 heures à la Maison de paroisse de Cortaillod. Garderie sur place. Contact : Martine Robert, 032/842.54.36