Les deux intellectuels dénoncent « l’obsession antisémite » du militant musulman établi à Genève, très influent au sein de sa communauté, par le biais du Collectif des musulmans de France et de l’Union des jeunes musulmans (UJM) de Lyon. Cette grave mise en cause fait suite à la parution sur Internet, en même temps que sur le site consacré à l’islam oumma.com et sur la liste de diffusion du Forum social européen (FSE), d’une tribune de Tariq Ramadan intitulée « Critique des nouveaux intellectuels communautaires ». Refusé par Le Monde et par Libération, cet article dénonce « des intellectuels juifs français que l’on avait jusqu’alors considérés comme des penseurs universalistes ». Bernard Kouchner, André Glucksmann et Bernard-Henri Lévy se voient notamment reprocher leur soutien à l’intervention américaine en Irak, le dernier nommé étant également épinglé à propos de son livre sur le meurtre de Daniel Pearl où il « stigmatise le Pakistan ».

L’auteur de « ddd » a réagi dans Le Point en dénonçant « l’infamie de ces propositions qui (…) ne font que ressusciter le bon vieux thème du complot juif » et somme le mouvement altermondialiste de se démarquer de ce « texte nauséabond ». Pour sa part, André Glucksmann a écrit dans Le Nouvel Observateur que « ce qui est étonnant, ce n’est pas que Monsieur Ramadan soit antisémite, c’est qu’il ose désormais se revendiquer comme tel ».

Du côté du mouvement altermondialiste, où Tariq Ramadan participe à la préparation du sommet de novembre, on convient que le texte n’a pas sa place sur la liste du FSE. En revanche, le mouvement semble divisé face à la qualification d’antisémitisme. Accusation dont se défend Tariq Ramadan lui-même, interrogé par Le Monde : « Je la récuse totalement. L’essentiel de mon propos est de dénoncer ceux qui, à partir d’une attitude communautariste ou pro-israélienne, proposent une lecture biaisée des enjeux internationaux ».