Le christianisme, une parole qui prend corps

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Le christianisme, une parole qui prend corps

29 janvier 2003
Invité au café théologique de Lausanne, le père Jean-Bernard Livio a évoqué ce Verbe qui met en mouvement le chrétien
Un message que nous sommes appelés à réinventer sans cesse dans nos vies, pour qu’il devienne universel et change celle des autres. « Le Verbe s’est fait chair ». Dans son exploration des trois monothéismes, le café théologique de Lausanne s’est arrêté mardi dernier sur le christianisme, « une Parole qui prend corps ». Le père Jean-Bernard Livio, bibliste et archéologue, a captivé un public venu en nombre comme à l’accoutumée. « Avant tout rapport à l’Ecriture, le chrétien sait qu’il est de Christ et c’est dans cette intimité avec Jésus qu’il se retrouve ».

La parole de Dieu qui prend corps en nous, ici et maintenant, c’est d’abord pour Jean-Bernard Livio accepter de la recevoir, parce que « je n’en suis destinataire que dans la mesure où je suis invité à nommer l’expéditeur ». Je me situe alors à l’intérieur d’une interpellation que l’on restitue en lui donnant sens. « Et entre les deux mouvements, il y a moi, un être de chair, avec son histoire ». On prend alors le risque de porter tout cela en nous au quotidien, avec notre partialité, en étant inscrit dans une époque, en réinventant continuellement cette parole pour qu’elle fasse sens et devienne universelle. « A cet instant, au sein de cette relation où l’on est ‘de Christ’, il n’existe pas de différence entre l’autre et moi puisqu’il l’est autant que moi ». Le Verbe s’incarne. Et le croyant « a le culot de penser qu’avec cela il peut illuminer la vie d’autres personnes ».

§Pour tout le monde ?Dans le débat qui a suivi l’intervention enflammée de Jean-Bernard Livio, de nombreuses questions et notamment l’interrogation classique sur la prédestination. Si cette parole est un cadeau, est-il pour tout le monde ou certains sont-ils appelés à le recevoir et d’autres pas ? Pour beaucoup, il convient en tout cas d’aller le chercher et de comprendre sa valeur. Il ne serait précieux que pour ceux qui le reconnaîtraient comme tel.

Le bibliste préfère pour sa part souligner qu’il n’y a pas de raison de limiter le don divin. « Je ne sais pas s’il n’y a qu’un Dieu ; et je préfère de toute façon l’expression ‘il n’y a que Dieu’. Dieu est un, ce sont les effigies que nous portons de lui qui diffèrent. Ainsi, plutôt que de fabriquer chacun notre Dieu, de le façonner à notre représentation, il vaut mieux rechercher sa réalité qui est amour ». Lorsque quelqu’un est invité à exister, s’il se sent mieux, « alors il y a de l’amour et il y a Dieu, qui est un nom commun, pas un nom propre ».