En marge de l’affaire Hani Ramadan :Tarik Ramadan distancé et solidaire de son frère

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En marge de l’affaire Hani Ramadan :Tarik Ramadan distancé et solidaire de son frère

23 janvier 2003
Hani et Tarik Ramadan, les deux faces d'une même pièce? Les deux représentants d'un même courant idéologique? Tarik assure que non , tout en rappelant ses loyautés familiales
Et s'empresse d'esquiver la question en accusant le monde politique de vouloir entretenir la peur à l'égard et au sein de la communauté musulmane et de limiter les droits des citoyens en Suisse.Hani et Tarik Ramadan, les deux faces d’une même pièce ? Dans la foulée de « l’affaire Ramadan », qui a agité les esprits ces derniers temps, la question n’a pas manqué d’être posée l’autre soir à Tarik Ramadan, en marge de la conférence sur « la guerre contre le terrorisme" qu’il donna en duo avec Alain Gresh, rédacteur en chef du Monde diplomatique, à Genève. Il s’attendait à l’interpellation, après le déchaînement médiatique déclenché par un article de son frère dans « Le Monde », lu en Occident comme une justification de la lapidation des femmes adultères. Dans une élégante pirouette, il a dit s'être distancé des positions radicales de son frère Hani depuis dix ans, tout en restant loyal à sa famille. Il regrette le silence et l’absence de débat au sein de la communauté musulmane après les attentats du 11 septembre et sur les questions soulevées par les prises de position de Hani Ramadan. « La pression nous empêche de réfléchir », explique-t-il. Entendez:on ne cesse de nous tourmenter, nous musulmans".

Sur la question de la lapidation des femmes, il ne partage pas l’avis de son frère et s’oppose ouvertement à une lecture discriminatoire du Coran. Pour Tarik Ramadan, quand le prophète Mahomet dit que « les hommes ont autorité sur les femmes », il comprend que « les hommes doivent entretien aux femmes ». Une lecture exégétique pour le moins minoritaire parmi les théologiens musulmans.

Intarissable une fois qu’il est lancé, et soucieux de monopoliser la parole pour n'avoir pas à dialoguer véritablement, Tarik Ramadan poursuit en déclarant injuste la décision de démettre son frère Hani de ses fonctions d’enseignant. Dans la foulée, il reproche à la communauté politique sa volonté d’entretenir la peur à l'égard des musulmans et au sein de la communauté islamique et de chercher diminuer les droits des citoyens. Il rappelle que la liberté de conscience et de culte, inscrite dans la loi, doit être respectée en Suisse, son pays d’adoption, dont il a obtenu la citoyenneté. Et qu'il est mesquin de vouloir faire dépendre cette liberté inscrite dans la Constitution du droit à la réciprocité pour les juifs et les chrétiens qui sont persécutés et discriminés dans certains pays arabo-musulmans.

Qu’est-ce qui fait avancer Tarik Ramadan et le pousse à déployer ses talents oratoires aux quatre coins de l’Hexagone et ailleurs pour défendre sa conception d’un islam qu'il veut éclairé ? A la question, il répond : « Je suis profondément croyant. Je crois qu’être avec Dieu, c’est être avec les hommes ».