La mort du fils : Kate T.-Strong choisit l’écriture pour retrouver la lumière

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La mort du fils : Kate T.-Strong choisit l’écriture pour retrouver la lumière

30 décembre 2002
Julien est mort accidentellement le jour de l’anniversaire de sa mère il y a cinq ans
Il avait 21 ans. Pour Kate T.-Strong, novembre est à tout jamais le mois de l’effroi, du deuil, des regards éperdus, des questions essentielles, « Mais qui peut permettre cela ? ». Dans le grand silence de sa maison de Préverenges (VD), elle s’est mise à écrire pour aller jusqu’au bout de sa douleur et retrouver la lumière. Dans un livre lumineux, ponctué des aquarelles de son père, Georges Templeton-Strong, elle dit l’absence qui progresse et devient insupportable, la colère formidable qui la saisit à l’écoute des « certitudes de loqueteux résignés » qui osent, dans leur cécité intérieure, lui servir des « Julien est si bien là-haut! », l’émotion qui déferle à tout bout de champ sans crier gare, la traversée de l’abîme du deuil, la culpabilité d’avoir mis provisoirement de côté les trois autres enfants, dont la mort du frère est aussi inscrite à tout jamais dans leur vie.

A coup de phrases sobrement ciselées, Kate Strong la bouillonnante s’efforce de dire le chemin de dépouillement qu’elle a dû faire, de l’enfance revisitée aux souvenirs incandescents avec l’enfant perdu, de la révolte à l’apaisement, du trou noir à la confiance retrouvée. Son témoignage reflète des retrouvailles intérieures avec elle-même, avec son noyau dur, cette part de lumière en elle qu’elle a choisi de faire rayonner envers et contre tout. Peu à peu elle a renoué avec cette formidable énergie intérieure qui l’habitait déjà, gamine, et la poussait à se montrer rebelle aux alignements de toutes sortes, se distinguant par de formidables éclats de rire dont ses camarades d’enfance se souviennent encore.

§Kate T.- Strong, « Julien, c’est déjà novembre mon fils », préface de Christiane Singer, décembre 2002, éd. Ouverture,le Mont-sur-Lausanne.