Une nouvelle forme de bénévolat

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Une nouvelle forme de bénévolat

23 décembre 2002
Au cours de cette dernière décennie, le problème des sans-abris a pris une soudaine ampleur un peu partout en Suisse
Parallèlement, un bénévolat plus impliqué, plus professionnalisé aussi, s’est développé. Jacqueline fait partie de ces « nouveaux » bénévoles. A la Pastorale des rues, à Lausanne, on l’appelle parfois maman. Tout le monde la connaît parce qu’elle est là depuis l’ouverture, en 1994. Mis à part le fait qu’elle a deux enfants et qu’elle est intéressée par les problèmes pouvant les concerner, rien ne la prédestinait à s’investir auprès des toxicomanes et des gens de la rue. Exerçant un certain nombre d’activités au sein de sa paroisse, dont celle de conseillère, elle a été enrôlée un beau jour aux côtés de Jan de Haas, pasteur des rues. « J’y suis allée pour discuter une heure ou deux et cela fait bientôt douze ans que j’y suis », se souvient-elle en souriant.

Au début, ils étaient une vingtaine de bénévoles à découvrir un monde bien éloigné de celui des ventes de paroisse ou des préparations de culte. « Nous avons reçu une formation assez large, notamment sur l’écoute et le debriefing. Police Secours nous a donné des cours sur les techniques de réanimation, des médecins du CHUV sur le sida et des toxicologues nous ont informé sur les risques des produits existants. » La Pastorale n’est que l’une des activités bénévoles de Jacqueline (ses divers engagements représentent un total de trente heures par semaine, mais c’est de loin celle qui lui apporte le plus et où elle s’investit le plus, affectivement aussi. « Là, il s’agit vraiment de se mouiller», commente-t-elle. L’alerte sexagénaire assure notamment la permanence de l’accueil une fois par semaine. Elle distribue les cornets de survie pour 1 ou 2 repas, offre café et tartines. Mais surtout, elle écoute. « Le cornet n’est qu’un prétexte. Ils veulent parler, être entendus. »

Autant de discussions, de confidences et de moments très forts qui ont changé sa manière de voir les choses. « Avant, je pensais qu’il suffisait de leur parler et qu’ils se bougent un peu. Mais à entendre leur histoire, toutes plus terribles les unes que les autres, j’ai mieux compris les enchaînements qui les ont conduit à ça, à la dèche. Pourtant, à chaque fois, je ne peux m’empêcher de penser au gâchis que cela représente. Ils recèlent tous de grandes capacités. Certains parlent plusieurs langues, d’autres ont des dons musicaux… Heureusement, ils ont des périodes où ils vont bien. Mais il y a aussi les décès. A chaque fois, c’est un bout de nous qui s’en va. »

Ces échanges ont aussi modifié sa relation avec les siens : « Cela m’a permis de mieux comprendre mes enfants, d’apprendre à les écouter vraiment, à discuter et à ne plus juger.»