Le regard d'un spiritualiste sur Noël : « le coeur du chrétien devient la crèche de Jésus »

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Le regard d'un spiritualiste sur Noël : « le coeur du chrétien devient la crèche de Jésus »

19 décembre 2002
Le théologien lausannois Carl-André Keller livre quelques réflexions sur le sens profond de la naissance de Jésus dans nos vies aujourd’hui
Et nous aide à comprendre que dans la spiritualité chrétienne, le vrai miracle est celui de la transformation intérieure. « Nous sommes fait aussi d'esprit. Et ce dernier ne demande qu’à sortir du monde matériel qui nous entoure pour séjourner au milieu de ce qui n’est pas saisissable par les sens, mais qui n’en existe pas moins ». A quelques jours de la veillée de Noël, le professeur Carl-André Keller est venu rappeler à l'occasion d'un Café théologique à Lausanne que pour le chrétien, la naissance de Jésus a d’abord son importance par ce qu’elle représente et ce qu'elle transforme dans nos vies.

Autant dire que pour le spécialiste de la spiritualité, chercher à connaître la nature du lien qui unit le Christ à Dieu détourne du véritable message de Noël. « Ma raison ne peut dire comment est né Jésus. En revanche, ma spiritualité m’assure que le Christ est né de l’esprit afin que chacun de nous puisse, à son tour, devenir fils du Seigneur. Selon une formule traditionnelle qui date du IIe siècle de notre ère, Dieu est venu en Christ, pour que l’homme, à travers lui, participe à son règne ».

Dieu s’incarne alors, et le coeur du croyant « devient la crèche de Jésus, qu’il faut laisser grandir en nous ».

§Une possibilité joyeuseSelon Carl-André Keller, si Dieu s’est fait homme grâce à une femme, c’est bien pour marquer que la naissance de Jésus est avant tout une naissance spirituelle. « Et ce n’est pas le personnage historique, mais le Jésus spirituel qui se trouve à l’origine du christianisme », souligne le théologien. De même, son accouchement dit « virginal » s’apparente à une vérité immatérielle dont l’acceptation dépend d’un acte de foi, qui ne constitue pas une obligation mais une « possibilité joyeuse ».

Cette période de l’année appelle les chrétiens à expérimenter la naissance du Christ, à « vivre au ciel », selon l’expression de Calvin. Voilà que se dessine alors une définition possible de la spiritualité chrétienne dans sa spécificité: elle est participation à la résurrection, le croyant étant adopté par Dieu, « étant appelé à faire partie de sa maison » pour reprendre une fois encore les paroles de Calvin. Carl-André Keller poursuit: « Noël se comprend alors comme un éveil à la vérité de notre être profond qui est union intime avec Dieu ».