Chrétiens et musulmans : souligner ce qui rapproche plutôt que ce qui divise

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Chrétiens et musulmans : souligner ce qui rapproche plutôt que ce qui divise

27 novembre 2002
« L'islam est-il eurocompatible ? » Invité mardi soir au café théologique de Lausanne pour aborder son thème de prédilection, le pasteur Jean-Claude Basset a plaidé pour une rencontre basée sur la reconnaissance de valeurs universelles et réciproques
Première nécessité : se détourner de la réduction simplificatrice d’une religion en réalité très complexe. Salle comble, une fois de plus mardi soir, au café de Milan. Décidément, le Théo Café lausannois a trouvé son public, fidèle à ce rendez-vous mensuel. Après le rabbin François Garaï et avant Jean-Bernard Livio (le 28 janvier prochain), le pasteur genevois Jean-Claude Basset est venu parler d’un sujet qui lui tient à coeur, l’islam et ses rapports douloureux avec l’Occident. « Il faut d’abord se demander de quel islam nous parlons, avertit-il d’emblée. Loin d’être un bloc monolithique, le monde musulman présente une réalité multiple, complexe ».

Pour se demander si l’Islam est « eurocompatible », thème de la soirée, Jean-Claude Basset propose une distinction entre plusieurs sortes d’islam. Le croyant de la rue marocaine ou tunisienne ne le vit pas de la même manière que le chef religieux d’Arabie saoudite. La mystique des soufis n’a pas grand chose en commun avec les appels aux meurtres des fondamentalistes. Ces différentes sensibilités coexistent, et parfois s’entrechoquent, au sein de la galaxie musulmane. « Par ailleurs, l’Europe et le monde occidental en général ne constituent pas une norme. Il s’agit plutôt de se demander dans quelle mesure une rencontre est possible entre eux et nous. Mon hypothèse est que nous ne savons pas, les uns et les autres, reconnaître ce qui nous est fondamental et remonter aux valeurs humaines qui nous sont communes ». Ainsi, pour le théologien protestant, si le débat doit s’engager à l’intérieur de la communauté musulmane, il faut aussi que le pays d’accueil le soit vraiment, en distinguant l’essentiel de l’accessoire. « Pour moi, par exemple, la question du port du voile ou celle des carrés séparés dans les cimetières sont secondaires ».

§Réciprocité en questionAu moment des questions et des réactions, le public s’est montré particulièrement prolixe. Certains ont ainsi rappelé le problème dit de la réciprocité : si nous nous montrons prêts à des concessions pour respecter la liberté de l’autre, ne faudrait-il pas que les musulmans pratiquent une pareille ouverture à l’égard des chrétiens vivants sur leur sol ? Pas de réponse satisfaisante à ce sujet, sinon le rappel « que par le passé c’est la terre d’islam qui servit de refuges à des minorités religieuses persécutées comme les Juifs et qu’il y régnait alors une grande tolérance confessionnelle ».

Un point de rapprochement entre les religions du Livre serait alors la valorisation d’une éthique basée sur l’homme et non sur l’économie : « Peut-être nous rejoignons-nous pour refuser une certaine modernité qui se résume en fait à la toute puissance de l’argent sur nos vies », conclut avec à propos un spectateur.