Asile : une diacre à la rencontre des requérants d'asile

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Asile : une diacre à la rencontre des requérants d'asile

17 octobre 2002
Alors que le peuple se prononcera le 24 novembre prochain sur l'initiative populaire de l'UDC, Magali Borgeaud évoque quelques aspects de son travail sur le terrain, dans l'ouest vaudois
Répondre à la solidarité d’urgence, telle est la mission de Magali Borgeaud, diacre au Ministère Présence et Solidarité de l’Eglise réformée vaudoise, dans l’ouest du canton. « J’ai été consacrée en novembre dernier. Au début, il y avait juste l’affirmation de cette volonté, sans cahier des charges précis. J’ai passé les six premiers mois à rencontrer beaucoup de monde dans la région pour recenser les besoins ». Magali Borgeaud a constaté le cruel manque d’encadrement des demandeurs d’asile. Sur la Côte, trois abris de protection civile ont successivement été mis à la disposition de la FAREAS durant le printemps 2001 : Begnins, Coppet et Nyon. « Beaucoup de Suisses y ont fait un cours de répétition et se disent que ça ne doit pas être si terrible d'y loger. Mais ils oublient que les requérants y passent des mois dans la promiscuité et un mélange de cultures parfois explosif ».

§Témoignage de l’EvangileL'ouverture des abris aux réfugiés s'est faite dans l’urgence. Hébergés la nuit, les demandeurs d’asile sont livrés à eux-mêmes pendant la journée. Les paroisses se sont mobilisées pour offrir une partie de leurs locaux. A Nyon, la Municipalité propose pour quelques mois les locaux d’une ancienne caserne de pompiers, en plein centre-ville. « Plus d’une centaine d’hommes peuvent s’y retrouver, discuter, se reposer et surtout se préparer à manger, ce qui leur est interdit dans les abris », souligne Magali Borgeaud. Avec un groupe de bénévoles, elle y assure des permanences en dehors de celles assurées par l’administration. « Certains collègues nous reprochent de nous substituer à l’Etat. Pourtant, je ne fais pas du travail social ; j'offre simplement une présence et une convivialité ». Cours de français, d’informatique, aide pour la rédaction d’un curriculum vitae, explications sur le mode de vie suisse ou balades dans les environs : les activités bénévoles offertes ont été qualifiées d’utilité publique par la police locale. Fin octobre, les lieux seront confiés à d’autres mains et tout sera à recommencer du côté de Prangins.

Pour Magali Borgeaud, pas de doute : l’Eglise a un rôle à jouer dans la problématique de l’asile. « La gratuité de l’accueil permet de vivre l’Evangile en actes. Quel meilleur témoignage de notre foi à des musulmans que de nous montrer des chrétiens motivés par la Parole ! » Inutile de préciser que la diacre vaudoise ne veut pas entendre parler de l’initiative de l’UDC qui veut mettre sur une liste les Stats sûrs vers lesquels la Suisse devrait renvoyer les requérants d'asile : « On ne peut pas transformer notre pays en camp retranché qui ignore ce qui se passe ailleurs. Tant qu’il existera un tel écart entre le Nord et le Sud, il y aura des immigrés. A nous de respecter l’être humain et de dépasser l’ignorance et les tabous pour aller à la rencontre de l’autre ».