Expérience unique à Lausanne:Des toxicomanes exposent leurs travaux dans l'Eglise de St-Laurent

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Expérience unique à Lausanne:Des toxicomanes exposent leurs travaux dans l'Eglise de St-Laurent

3 octobre 2002
L’église de St-Laurent à Lausanne ouvre demain mardi 8 octobre ses portes sur une exposition des peintures faites par des marginaux et des toxicomanes qui squattent habituellement ses escaliers, ainsi que les aquarelles d’une jeune artiste autrichienne, qui a croqué les gens de la rue
La démarche devrait permettre à deux populations qui se regardent en chiens de faïence de se rencontrer et d’aller, peut-être, au-delà des apparences. Etonnante et détonante, l’exposition est le reflet d’une expérience initiée par l’art-thérapeute Laurence Mc Kenzie dans son atelier L’Eveil, dont les fenêtres plongent sur les fameux escaliers de l’église de St-Laurent que squattent les marginaux. Elle y offre aux gens de la rue un espace protégé où ils peuvent venir peindre, dessiner, faire du modelage ou tout autre technique artistique proposée au fil des semaines. Une façon pour les marginaux de s’exprimer, de dire leurs souffrances et leur révolte dans une explosion de couleurs. Une façon aussi de tenter de dire l’innommable, de renouer avec eux-mêmes, de reconstruire l’image, souvent très désastreuses qu’ils ont d’eux-mêmes. L’atelier est subventionné par la Ville de Lausanne, heureuse de soutenir ce type d’encadrement d’une population qui fait problème dans la ville.

« En ouvrant cet atelier, j’ai voulu donner une voix aux gens de la rue pour leur montrer qu’ils existent », explique Laurence Mc Kenzie , graphiste de formation et éducatrice formée à la thérapie par l’art. A travers le processus de la création, les résidents de la place St.-Laurent qui montent à l’atelier se mettent à parler entre eux. Certains viennent épisodiquement, d’autres y ont pris leurs habitudes.

Une fois par semaine, l’atelier vient aussi à eux, sur les escaliers de l’église, avec des bombes de peinture, des craies, des panneaux et des feuilles de papier. Parfois c’est à même le sol que chacun dessine, participant à une œuvre collective qui explose de couleurs. Qu'on ne s'y trompe pas: ce sont ces peintures, réalisées au cours de ces happenings hebdomadaires, qui seront présentées à l'exposition, et non des oeuvres témoignant du processus thérapeutique entrepris à l'Atelier L'Eveil, qui est d'ordre strictement privé.

A l’équipe de base des animateurs s’est jointe cet été une jeune artiste autrichienne, Karoline Riha, qui a croqué les marginaux vus depuis les fenêtres de l’atelier. Elle en a fait des aquarelles et des croquis empreints de chaleur qui seront exposés avec les réalisations des gens de la rue. L’initiative de l’exposition revient à Pierre Farron, pasteur qui souhaite ouvrir les portes de l’église de St-Laurent à ceux qui en occupent quotidiennement le parvis.