Contre l’exclusion, une association défend un revenu minimum pour tous

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Contre l’exclusion, une association défend un revenu minimum pour tous

25 septembre 2002
L’association BIEN (Basic income european network) ou Réseau européen pour l’allocation universelle, a pour but de susciter le débat autour de l’idée de l’allocation universelle
Elle consiste à accorder à tous les individus, sans aucune condition, le même revenu minimum pour vivre. Face aux échecs des différents systèmes d’aide sociale existant dans les pays occidentalisés, l’association entend promouvoir le droit à la sécurité économique dont elle a fait le thème du son 9e congrès international qui s’est déroulé en septembre à Genève.Le concept de l’allocation universelle ne se focalise pas sur le chômeur, mais sur la société dans son entier. Alors que les systèmes actuels proposent une aide temporaire pour les personnes sans emploi et sous certaines conditions, l’organisation BIEN veut établir un droit universel à la sécurité économique. Une idée qui tire son origine du siècle des Lumières, notamment exprimée par Rousseau qui déclarait que chacun a une valeur du simple fait de son existence.

Pour l'association, les systèmes sociaux actuels ne sont pas satisfaisants, car ils génèrent encore et toujours des exclus. Les conditions que l’on doit remplir pour pouvoir obtenir une aide sociale sont pour eux trop restrictives. Certaines personnes peuvent ne pas les remplir pour des raisons valables. Un chômeur qui ne recherche pas de travail est peut-être occupé à d’autres tâches utiles pour la société: participer aux cuisines scolaires de son village, s’occuper de personnes âgées ou s’investir dans une association caritative ou sportive.

§Une nouvelle définition du travailPar sa remise en question de la notion actuelle du travail, cette organisation tente d’éradiquer le problème de l’exclusion économique. En effet, les membres de BIEN veulent souligner l’utilité du travail fourni par toutes les personnes qui ne font pas partie de la population active ou qui s’engagent bénévolement. Les mères de famille qui s’occupent de leurs enfants, les personnes qui décident de prendre soin de leurs parents âgés, les bénévoles dans les paroisses, dans les associations pour handicapés apportent un soutien non négligeable à la vie économique et sociale d’un pays. Cependant, ces services ne sont actuellement pas reconnus comme une activité professionnelle, au même titre que les services rendus par un employé de banque ou par un médecin. Une situation à laquelle BIEN souhaiterait remédier.

Les opposants à l’allocation universelle craignent que la garantie de recevoir une rente pour vivre provoque la désertion des travailleurs. BIEN balaie cette crainte en évoquant le désir partagé par la plupart des gens de se rendre utile. Certains arrêteraient peut-être de travailler, pas pour ne rien faire, mais pour réorienter leur carrière vers d’autres secteurs.

§L’utopie, version suisseLa mise en place d’une éventuelle allocation universelle soulève la question épineuse de son financement. Mme Bridget Dommen, genevoise et membre de BIEN, propose diverses mesures de financement pour la Suisse. Selon elle, l’économie n’aurait plus besoin de financer une si lourde administration, puisqu’une seule rente remplacerait les différentes aides sociales proposées actuellement. Ceci permettrait, d’après elle, de trouver jusqu’à 50% des fonds utiles à la mise en place d’une allocation universelle. Les dividendes de l’or de la BNS seraient mis à contribution et redistribués. De plus, une fiscalité selon un système progressif serait mise en place: les salariés touchant un revenu moyen ou élevé recevraient une allocation et paieraient des impôts, alors que les plus démunis percevraient une rente et ne seraient pas imposables. Grâce à ces mesures, Mme Dommen estime que les employeurs n’auraient plus à supporter des charges sociales telles que l’AVS ou l’assurance chômage. Le coût du travail serait ainsi considérablement diminué et l’embauche en serait favorisée.

Les membres de BIEN sont conscients qu’un système de ce type ne verra pas le jour dans un futur immédiat. Ils souhaitent surtout stimuler le débat en partant de l’hypothèse que tous les individus possèdent un revenu minimum pour vivre. Pour les membres de BIEN, cette démarche vise à améliorer ou remplacer, un jour, les systèmes sociaux actuels qui n’ont pas réussi à vaincre l’exclusion. Reste que si l’allocation universelle est un projet enthousiasmant et novateur, on a peine à imaginer sa concrétisation dans nos sociétés actuelles, même à long terme.