Une présence protestante parmi les ouvriers

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Une présence protestante parmi les ouvriers

12 septembre 2002
L’association vaudoise Eglise et monde du travail s’apprête à être reconnue comme antenne officielle de la communauté protestante cantonale
Son président, le pasteur Pierre Farron, milite pour la nouvelle Constitution. Et explique qu’engagement social et spirituel peuvent parfaitement s’accorder. Pasteur en poste à St-Laurent et titulaire d’une aumônerie en EMS, Pierre Farron préside l’association Eglise et monde du travail. Un univers que l’institution protestante, comme d’autres, connaît assez mal. « Ne serait-ce que parce que la plupart des ministres proviennent des classes aisées, note le pasteur lausannois.

Dans le canton de Vaud, les premières tentatives pour s’en rapprocher ont pris la forme d’équipes ouvrières. Un peu plus tard, au début des années nonante, une forte poussée du chômage entraîne à la création d’Eglise et monde du travail. Le Conseil synodal veut en faire aujourd'hui l’antenne officielle de la communauté réformée cantonale dans ce domaine, à l’instar du rôle joué par les Centres sociaux protestants dans le social.

« Nous ne sommes pas là pour donner des leçons dans une problématique forcément complexe. Nous essayons simplement de témoigner de l’amour que Dieu a pour nous, sans exception », explique Pierre Farron. Sans véritable équivalent en Suisse romande, l’association regroupe quelque deux cents membres plus ou moins proches de l’Eglise. Son action se veut politique, notamment en interpellant les députés, auprès desquels « l'association jouit d’une bonne crédibilité parce qu'elle est formée non pas d'idéologues mais mais de gens de terrain.

La précarisation des conditions de l’emploi figurent en bonne place parmi les préoccupations actuelles du groupement, de même que l’augmentation du nombre de sans-papiers.

Enfin, l'association soutient la nouvelle Constitution vaudoise. Pierre Farron a participé à sa rédaction au sein de la Constituante et trouve que sa hiérarchie n’appelle pas assez nettement de ses vœux un vote positif. « Ce texte constitue un projet novateur, suffisamment raisonnable pour pouvoir être validé par la droite comme par la gauche. Il contient des avancées sociales importantes, comme par exemple un encouragement à la réinsertion sociale des exclus.

§Repenser la proximitéReste l’aspect religieux. Crainte par certains ou attendue par d’autres, la grande séparation entre Eglise et Etat n’a finalement pas eu lieu. « On relève cependant des éléments intéressants dans ce domaine, comme une reconnaissance accordée à la communauté judaïque, et la porte ouverte laissée aux autres communautés, dans la mesure où elles respectent les valeurs démocratiques. »

Il n’est pas rare que des collègues s’étonnent du discours engagé de Pierre Farron. « Je ne me prends pas pour un travailleur social. Ceux qui viennent me voir se retrouvent souvent brisés dans leur vie. Mon rôle est d’essayer de les remettre à la verticale en faisant route un instant avec eux. Je vois là un engagement éminemment spirituel, guidé par le regard de Jésus, qui considérait les exclus comme des personnes à part entière ».

Vingt trois ans en paroisse lui ont appris qu’une vraie proximité réclame une présence, qu’il ne sert à rien de laisser une carte de visite mais qu’il faut être là, tout simplement. « Je crois que l’Eglise a encore de gros progrès à faire pour coller à la réalité des gens ».