Arbitrage et guitare classique : Les deux passions d’un curé valaisan pas comme les autres

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Arbitrage et guitare classique : Les deux passions d’un curé valaisan pas comme les autres

22 août 2002
Il a béni le mariage de Pascolo, Bonvin ou Alexandre Rey
Normal : avant de célébrer l’union de ces célébrités helvétiques du ballon rond, François-Xavier Amherdt les avait rencontrées sur les terrains de football. Aujourd’hui encore, curé à Sierre, il troque parfois sa soutane pour le short noir d’arbitre. Et ponctue ses messes d’accords de guitare dont il joue en virtuose. Portrait avant la parution de son nouveau livre. François-Xavier Amherdt est arbitre depuis 26 ans, dont une poignée en ligue nationale suisse. Et lorsqu’il ne veille pas au bon déroulement des rencontres, ce Valaisan d’un peu plus de quarante ans devient musicien et se partage entre la direction d’un ensemble vocal qu’il a fondé et la guitare classique dont il joue avec talent depuis de nombreuses années.

Ce mélange des genres déjà peu courant devient surprenant lorsqu’on sait que François-Xavier Amherdt, ancien vicaire épiscopal, est curé de paroisse à Sierre et Noës, docteur en philosophie et théologie, licencié en sciences bibliques et spécialiste reconnu de Paul Ricoeur. « J’ai passé mon enfance à Sion. Je jouais au foot sur la place de l’Eglise du Sacré-Cœur. Comme j’aimais chanter, je faisais aussi partie du choeur. Le conservatoire, lui, se trouvait à quelques mètres. J’ai commencé à y prendre des cours de guitare ».

§En acte et en véritéPlus tard, répondant à sa vocation au séminaire, François-Xavier Amherdt se fait parfois excuser lorsque le calendrier du championnat exige sa présence à l’autre bout du pays. « Mon engagement dans l’Eglise catholique m’a rapidement donné le statut d’une sorte d’instance morale parmi mes collègues arbitres. On se tournait vers moi lorsque se posait une question d’éthique. Pour ma part, je tenais surtout à participer aux cours, aux tests physiques pour rester crédible et être présent, comme l’écrit saint Jean, ‘en acte et en vérité’ ». A partir de là s’instaure souvent un dialogue, une confiance avec certains joueurs. « Il n’est pas rare que dans une discussion d’après match, on commence par évoquer un penalty non sifflé pour en arriver finalement à des questionnements existentiels ou à des problèmes personnels ».

De la fin des années 70 jusqu’en 1992, date à laquelle il devient vicaire épiscopal, François-Xavier Amherdt dirige des centaines de matchs, de la plus petite des divisions amateurs à la Ligue nationale. « Il existait alors encore un certain amateurisme qui permettait de mener plusieurs activités de front. Le corps arbitral se retrouvait une ou deux fois par année. Je n’aurais pas pu mener la même carrière avec la professionnalisation actuelle qui réclame des rencontres tous les mois ». Ce qui aurait été dommage : il avoue lui-même que le football lui a permis de sonder la nature humaine, lui apportant un « réalisme très utile » dans sa charge ecclésiale.

§Le sport et la musique comme moyensEn 1972, il passe avec succès son diplôme de conservatoire. « Comme le football, la guitare a quelque chose de populaire et d’universel. Elle se transporte partout, et sa sonorité plaît aux enfants comme aux adultes ».

Il précise qu’il n’aurait jamais pu devenir sportif professionnel. Mais le théologien n’a-t-il jamais songé à trouver dans la musique sa quête d’absolu ? « Je ne crois pas. J’ai toujours désiré annoncer la Parole qui m’est source de bonheur, pour aider les gens à trouver sens à leur vie. Le foot et la guitare ont toujours constitué pour moi des moyens de dynamiser le langage de l’Evangile, d’essayer de faire pressentir ce qui existe au-delà des mots ». Dans le livre qu’il s’apprête à publier « Dieu est musique », François-Xavier Amherdt suit d’ailleurs la même démarche que dans « Dieu est arbitre » : utiliser ses passions comme paraboles pour des méditations bibliques, comme chemin vers la compréhension des Ecritures.

Le prêtre a ainsi toujours conçu sa fonction d’arbitre comme l’expression d’une volonté de réconciliation plus forte que les conflits. « Et cela se retrouve dans la musique comme dans la fonction pastorale ». Comme si le « shalom » biblique, appel à une authentique fraternité entre les hommes, se réalisait parfois au détour d’une passe ou d’un accord. Rien à voir avec le sport-spectacle et l’idolâtrie de certains supporters qui trouvent un écho dans un vocabulaire liturgique évoquant telle équipe « au purgatoire » ou un joueur « en état de grâce ». « L’arbitre est celui qui reste un peu en dehors de tout ça, rappelant le côté éphémère des choses. C’est le 23e homme qui peut faire passer les valeurs humaines avant celles de l’argent et de la gloire ».

§UTILE

Une photographie de François-Xavier Amherdt peut être obtenue auprès des éditions saint-augustin 022/734.64.76