Contrats de prestations dans les centres sociaux vaudois:Les volontaires dressent un bilan mitigé

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Contrats de prestations dans les centres sociaux vaudois:Les volontaires dressent un bilan mitigé

25 juillet 2002
Les Centres sociaux régionaux pilotes de Nyon, Renens et Yverdon attendent toujours les premiers résultats concrets, entre craintes et espoirs
Au Service de prévoyance et d’aide sociales, on reste confiant, et on compte bien trouver deux ou trois autres régions candidates à ce nouveau système de gestion publique.Le contrat de prestations a de beaux jours devant lui en terre vaudoise. Après les professeurs ou les infirmières, c’est au tour des assistants sociaux d’entrer dans l’ère de la nouvelle gestion publique. Depuis le début de l’année, trois Centres sociaux régionaux (CSR) participent à une période de test qui devrait durer jusqu’à la fin de l’année.

A Nyon, Yverdon-les-Bains et Renens, les collaborateurs ont accepté de détailler leurs prestations Ce travail de fourmi a abouti à l’établissement d’un catalogue 700 activités, elles-mêmes réduites à 21 catégories de prestations réparties en 5 groupes. « A peine un quart appartient à la sphère financière, ce qui prouve que nous prenons en compte des aspects du travail social ignorés jusqu’à alors », assure Anne Lemaire, adjointe au Service cantonal de prévoyance et d’aide sociales (SPAS) en charge du projet.

Dans quelques jours, les trois CSR pilotes recevront un « tableau de bord », comprenant les premiers éléments concrets permettant d’évaluer l’efficacité de la démarche. « Identifier les prestations pour l’ensemble de nos vingt collaborateurs a été un immense boulot », souligne Gildo Dall’ Aglio, directeur du CSP d’Yverdon. Depuis lors, il faut collecter les données au jour le jour, les introduire régulièrement dans le logiciel informatique ‘Progrès’. « Cela prend du temps, et on aimerait bien savoir à quoi ça sert !»

§Au minimum deux centres de plus en 2003Sur cette base, les associations régionales qui chapeautent les CSR, décideront ou non de poursuivre l’expérience à la fin de l’année. « Pour l’instant, les échos sont plutôt positifs », se réjouit Anne Lemaire. Le SPAS espère donc tenir son pari et convaincre au minimum deux régions supplémentaires en 2003. A terme, le Département de la santé et de l’action sociale compte bien persuader les dix CSR régionaux, Lausanne-Ville faisant pour l’heure figure de citadelle imprenable (lire encadré). Le projet de loi sur l’aide sociale vaudoise, sur lequel s’appuie la démarche laisse en principe le choix à chacun. « Les associations régionales penchent plutôt à droite de l’échiquier politique et je doute que beaucoup refusent », tempère Gilbert Pieri à Renens. Content de faire partie de ceux qui « auront au moins participé et tenté d’influencer le processus de mise en place », cet assistant social pense aussi que les contrats auront peut-être le mérite de clarifier les choses : « Il y a une indéniable volonté de prendre en compte la nature et l’ampleur de notre travail. Avec un côté un peu réducteur : il reste par exemple peu de chose de la centaine d’intervenants avec lesquels nous collaborons régulièrement. Les aspects émotionnels demeurent rétifs aux chiffres. Mais au moins il devrait y avoir une redéfinition de nos attributions en regard de nos moyens. En treize ans de métier, je n’ai encore jamais eu de cahier des charges précis ».

Renégocié chaque année, le contrat engagera les deux parties : le centre social fournira des prestations et l’Etat attribuera l’enveloppe financière correspondante. Le directeur de la structure yverdonnoise y voit la promesse d’une plus grande autonomie budgétaire : « Si le système fonctionne, nous pourrions sortir d’une gestion ligne par ligne pour arriver à un système plus global, qui nous laissera davantage de marge de manœuvre ».

§Quelle réflexion de fond ?Pour déterminer le montant alloué à chaque centre, le canton se basera sur des indicateurs quantitatifs, comme le nombre de dossiers ou de bénéficiaires, la durée des entretiens, etc. En théorie, le Département devra également disposer de critères qualitatifs. Ces derniers peinent à être établis. Peine perdue, d’ailleurs, d’après le Syndicat des services publics (SSP) qui les voit d’ores et déjà fondés « sur des jugements de valeurs ou des critères subjectifs, indiquant une vision normative et réductrice de l’activité sociale ». Tout en les estimant nécessaires, certains nourrissent également quelque inquiétude sur la nature des contrôles futurs. « Notre rôle est de vérifier que les usagers bénéficient des prestations auxquelles ils ont droit, bref que le contrat est bien rempli, note Anne Lemaire. Il n’est pas question de distribuer des bons ou des mauvais points. Cela restera du ressort des différentes directions ».

Et la question de la confidentialité ? Selon le SPAS, l’accès aux données sera très limité. Les assistants sociaux ne pourront consulter que les éléments concernant leurs propres usagers. De manière générale, on pourra seulement voir si quelqu’un figure dans la base ou non. Quant au journal tenu par l’employé, il se limitera à des éléments factuels. Seules apparaîtront des grandes catégories du type logement ou santé, pas le contenu des rencontres ».

De manière générale, directions et assistants sociaux semblent plutôt regarder d’un oeil favorable le processus en cours. Reste le regret que la mise en place d’un « moyen technique prometteur » ne s’accompagne d’une réflexion de fond. Pierre-Alain Chollet, directeur à Nyon : « Nul ne sait très bien ce que le Département en fera, et si cela nous offrira les moyens de remplir notre tâche. Pour l’instant, on se contente de peaufiner un outil. Cela ne devrait pas empêcher une indispensable redéfinition de notre mission ».