Eglise réformée BE-JU :Tramelan hisse les couleurs de la solidarité

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Eglise réformée BE-JU :Tramelan hisse les couleurs de la solidarité

17 juin 2002
Pour la foi chrétienne, l’exercice de la solidarité reste vital
Avec les exclus, les migrants, tous les déshérités de la prospérité, la nécessité d’un engagement solidaire prend chaque jour de l’importance. Réfléchissant à son avenir, l’Eglise réformée régionale a poursuivi ses explorations lle week-end passé à Tramelan, sur le thème des solidarités. Une scène du processus «reformAction» qui se poursuit les 21 et 22 juin à Bienne.«Il n’est plus de fautifs, ni de responsables. Personne n’y peut rien et personne ne l’a voulu. Les choses peuvent se dérouler sans la contribution d’aucun»: c’est avec ces mots provocateurs de Friedrich Dürrenmatt que les 24 heures ont été ouvertes. Témoins du contraire et réunies pour la première fois dans la région, plusieurs associations présentaient leurs activités dans les locaux de Regenove, l’entreprise de réinsertion professionnelle des demandeurs d’emploi patronnée par le Centre social protestant (CSP). De la lutte contre les mines antipersonnelles avec le projet régional «Digger», jusqu’aux grandes œuvres d’entraide de l’Eglise réformée, en passant par l’association «Attac», qui milite pour l’introduction d’une taxation des transactions financières, les visiteurs ont pu se rendre compte que la solidarité n’est pas un vain mot pour les personnes, bénévoles ou non, engagées dans des projets précis.

§Société en miette«Nous assistons à une désintégration du lien social traditionnel», constate le sociologue Fabrice Plomb, appelé à réfléchir à une société «qui s’émiette». Les changements considérables, notamment dans le domaine du travail, provoquent un bouleversement inédit des rapports sociaux. Les structures collectives – syndicats, Etats etc. – sont disqualifiées par l’émergence des nouvelles technologies et les effets d’une économie globalisée. Pour le jeune universitaire jurassien, les individus doivent affronter seuls les enjeux d’une existence personnelle et professionnelle toujours plus exigeante. Néanmoins, certaines mobilisations se font jour à partir de problèmes particuliers: les individus se fédèrent désormais sous forme de collectifs ou d’associations. Un constat qui devrait faire réfléchir les paroisses: les liens sociaux ne dépendent plus d’abord des institutions traditionnelles auxquelles il s’agit d’adhérer, mais bien de l’initiative d’individus rassemblés par une cause concrète. Fabrice Plomb constate l’émergence d’une nouvelle forme de lien social, appelée probablement à se développer.

Réunis en table ronde, les représentants des œuvres d’entraide protestantes (PPP-EPER-DM), ainsi que Jean-Claude Huot (Déclaration de Berne) et Gertrud Meyer (Claro/Magasins du Monde) ont poursuivi la réflexion au sujet des solidarités avec les pays du Sud. Abordant les succès – et aussi les échecs – de leurs missions, les responsables de l’aide au développement n’ont pas craint une certaine autocritique. «Il ne faut pas en rester à l’aide, parce qu’elle crée une dépendance», a souligné Théo Buss, secrétaire romand de Pain pour le prochain (PPP). La représentante des Magasins du monde a souligné l’importance croissante du commerce équitable en Suisse. Une forme de relation commerciale qui permet de reconnaître les partenaires des pays du Sud comme tels. «Même si nos critères de production ne peuvent pas toujours s’appliquer, admet Gertrud Meyer. Par exemple, certains de nos fournisseurs de riz ont refusé d’utiliser des machines parce qu’à leur sens, elles allaient trop vite!!!»

§La stratégie de l’escargotLes 24 heures exploratoires ont également été l’occasion d’une collaboration originale avec le Cinématographe de Tramelan. Les amateurs de cinéma ont donc pu aborder le thème des solidarités en entrant dans les univers très contrastés des quatre fils projetés: Les locataires d’un immeuble de Bogota parviennent à déjouer les projets d’un riche promoteur en mettant un œuvre une stratégie totalement originale, celle de «l’escargot». Dans la campagne vaudoise, Christelle, femme battue par son mari, retrouve les « petites couleurs » de la vie en entrant dans la famille du Motel géré par Mona. Au bord de la «Nationale 7», le caractère irascible de René, atteint de myopathie, ne résiste pas à l’engagement d’une jeune éducatrice. Et enfin, à Los Angeles, les employés immigrés sud-américains d’une entreprise de nettoyage feront plier leur patron grâce à une mobilisation syndicale courageuse pour du «pain et des roses». Autant d’appels à retrouver une dignité trop souvent violée, mais jamais totalement perdue.

§Solidarité dans la rueDernier volet de ces 24 heures exploratoires: le travail du pasteur lausannois Jan de Haas dans la rue. Ce ministre de l’Eglise réformée, d’origine hollandaise, accompagne les naufragés de nos villes depuis 12 ans. Avec une collègue diacre, il anime la pastorale de la rue au contact des plus démunis. Ils sont près de 2 000 en ville de Lausanne. «Aller au rythme des gens, c’est parfois accepter de faire du sur place» reconnaît Jan de Haas. Une patience qui ne doit pas se muer en habitude: «En tant que chrétiens, nous devons garder une capacité d’indignation: je célèbre chaque année une bonne trentaine de services funèbres pour des jeunes qui n’ont pas loin de trente ans. C’est inacceptable.» Pour ce pasteur, la rue est un véritable lieu d’Eglise, au même titre que les paroisses. Une réflexion que partage l’Eglise vaudoise puisqu’elle a considérablement augmenté son engagement sur ce terrain ces dernières années. «Ce que les gens cherchent de plus en plus, c’est une parole, avec un petit ou un grand P. Pour moi, l’écoute et la prière, c’est capital.»