Solidarité à Madagascar:Une jeune Romande fait le clown pour les enfants des rues

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Solidarité à Madagascar:Une jeune Romande fait le clown pour les enfants des rues

12 juin 2002
Nez rouge, chaussettes bariolées, cheveux en bataille, Mireille Pinget a fait l’expérience du langage universel des clowns dans des prisons malgaches et des centres d’accueil pour enfants des rues à Antanarivo
La jeune Romande, qui a découvert son personnage comique avec la troupe des Z’Opercules, vient de vivre dans le cadre d'un stage professionnel, un intense séjour sur l’île rouge, parallèlement aux tensions politiques. Récit.

§(Photo à disposition sur mail à la rédaction )§Un nez rouge, des chaussettes bariolées et des houppettes de cheveux indisciplinés donnent à Mireille Pinget un air mutin et effronté, assez proche de celui de la clownesse Gardi Hutter, connue autant en Suisse qu’en Europe. Avant de partir à Madagascar pour un stage dans le cadre de sa formation d'éducatrice, la jeune Vaudoise a glissé dans sa valise son habit de clown. Après deux ans de tournée avec la troupe romande des Z’Opercules, elle n’a pas pu se résoudre à abandonner son nez rouge. Bien lui en a pris ! Son clown lui a ouvert des portes à Madagascar de façon tout à fait inattendue.

C’est une situation politique très agitée qu’elle a découvert à Antanarivo en janvier passé. Le pays est en proie à de vives tensions, déchiré par deux présidents qui revendiquent chacun le pouvoir : Didier Ratsiraka et Marc Ravalomanana. Barrages sur les routes de la capitale, pénurie d’essence, grèves et manifestations ont déjà fait fuir beaucoup de touristes occidentaux. « Les chauffeurs de taxi me demandaient ce que je faisais là, étonnés de voir une jeune femme européenne traverser certains quartiers de la capitale ».

§Travailler avec les plus défavorisésSur place, Mireille Pinget travaille au centre d’accueil Fifam pour des familles en difficulté et des enfants de la rue. Il est tenu par une femme pasteure malgache. Immergée dans la réalité souvent cruelle des quartiers défavorisés de la ville, Mireille Pinget met à contribution ses connaissances d’éducatrice stagiaire pour donner un coup de main à l’équipe d’encadrement. « Je me suis retrouvée avec des enfants de tous âges, pour qui la priorité étaient d’abord de pouvoir manger, s’habiller et trouver un peu de sécurité, explique-t-elle, autant dire que mes critères bien helvétiques n’ont pas résisté et j’y suis allée au feeling ». Mireille Pinget a misé sur le dessin, les rondes et les jeux : « J’ai été frappée par leur talent, leur imagination et leur concentration !» raconte-t-elle.

Pour faciliter les échanges, la jeune femme qui ne parle pas le malgache, tient sur elle un album de photos : elle montre des images du petit village vigneron où elle habite, de sa famille et d’elle, habillée en clown. Quand la responsable du centre, la pasteure Helivao, voit ces photos, elle pria la jeune stagiaire de présenter un sketch aux enfants. « En voyant mon look, les enfants du centre se sont mis à crier de joie.Il y avait un tel brouhaha que j’avais de la peine à commencer mon numéro, puis je me suis mise à improviser en disant bonjour en malgache ».

Encouragée par l’équipe du centre, Mireille Pinget accompagne les responsables de distribution de nourriture en prison, à l’asile psychiatrique et emporte chaque fois avec elle son nez rouge. Elle sort de la capitale, se rend dans un centre rural pour animer des moments de fête avec des enfants. Quelques ballons de couleur, des bulles de savon et la magie des gestes suffisent à la jeune femme clown pour créer le contact. « J’ai vu des enfants les larmes aux yeux me dire : Merci Mme Nez rouge ! ». Au terme de cette expérience intense, Mireille Pinget l’avoue, son clown intérieur a changé : « Avant il était muet, aujourd’hui, il a trouvé un langage et une manière de parler universels. Le langage des clowns.