L’inquiétude de certains pasteurs vaudois

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L’inquiétude de certains pasteurs vaudois

29 mai 2002
Alors que l’Eglise réformée cantonale vient de rendre publique une enquête de satisfaction plutôt positive, un groupe critique revient à la charge et demande de rapides corrections dans la mise en place, il y a deux ans, d’une importante restructuration
Il a été entendu sur un point : la diminution du nombre de cultes. En octobre dernier, une poignée de ministres vaudois fustigeaient une « Eglise de papier » (lire notre article 229). Ce groupe revient aujourd’hui à la charge. Dans une lettre adressée aux membres du synode, il fait part de son inquiétude et demande des « corrections urgentes » dans la conception d’Eglise à Venir (EAV), la réforme mise en place par l’Eglise réformée évangélique vaudoise (EERV) en l’an 2000.

« Aucune réforme n’est immédiatement parfaite, reconnaît André Rossier. Mais il nous paraît irresponsable de vouloir attendre des années avant de changer ce qui va vraiment dans la mauvaise direction ». Le pasteur des villages de St-Saphorin, Chexbres et Puidoux insiste sur la diminution des forces de terrain, des postes paroissiaux disparus au profit de charges régionales et cantonales. « Ce mouvement a accentué le clivage entre les ministres de paroisse et les autres. Nous comptons par exemple vingt et un postes de coordinateurs, ce qui est beaucoup trop. »

Septante signatures

Selon André Rossier et ses collègues, les ministres disposent désormais de beaucoup moins de temps pour se montrer proches des gens, noyés dans des structures administratives toujours plus complexes. "Il y a moins de cultes, renchérit Evelyne Roland, pasteure d’Oron et Palézieux. Et j'enterre de plus en plus souvent des personnes inconnues, ce qui n'arrivait jamais auparavant." Par ailleurs, pour le groupe, les jeunes sont tout simplement oubliés, notamment parce que personne ne veut s’occuper d’eux. Bref, pour les signataires de cette nouvelle missive, tout ne va pas si bien que le laisse croire la récente enquête de satisfaction (lire notre article no 319), et l’introduction d’EAV s’oppose à davantage de résistances que veulent bien l’admettre les autorités ecclésiastiques. La preuve ? André Rossier : « Une septantaine de pasteurs ont signé notre appel de l’automne dernier, soit environ la moitié des ministres paroissiaux. Ce large appui nous laisse penser que nos craintes sont partagées par beaucoup. »

A Pully/Paudex, Laurent Wisser n’a pas signé le document en question. Membre de la commission d’évaluation d’EAV, il a eu en revanche l’occasion de débattre de ces interrogations avec les pétitionnaires. « Il est clair qu’Eglise à Venir renforce les ministères régionaux et cantonaux aux dépens des forces de paroisses. Elle a fait un pari, celui de développer une nouvelle dynamique, de renouveler le rapport aux gens. Il faut avoir du recul pour pouvoir dire si cela fonctionne ou non ». Tout en étant sensible à certains arguments comme celui de la diminution des cultes, Laurent Wisser est donc de ceux qui pensent qu’il faut donner du temps au temps. « Ces confrères posent le doigt sur des questions importantes. Si nous nous trompons de chemin, il faudra réagir. Mais aujourd’hui, il me paraît prématuré d’affirmer qu’il s’agit de défauts structurels, et non d’un renouvellement, logiquement assez long, des structures paroissiales traditionnelles ».

Il existe cependant un point qui a trouvé un écho immédiat auprès du Conseil synodal. La diminution du nombre des cultes interpelle visiblement l’exécutif de l’Eglise vaudoise, qui a décidé de réagir sans attendre. L’office des ressources humaines de l’EERV a été mandatée pour rendre un rapport. Début juin, quelques solutions urgentes seront proposées au synode. Parmi elles, l'instauration d'une solidarité régionale et cantonale: les ministres oeuvrant à ces deux niveaux devront épauler leurs collègues paroissiaux pour la tenue des services religieux.