La Communauté de Saint-Loup a 150 ans :Après avoir soigné les souffrances du corps, les diaconesses pansent les bleus à l’âme

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La Communauté de Saint-Loup a 150 ans :Après avoir soigné les souffrances du corps, les diaconesses pansent les bleus à l’âme

24 mai 2002
Elles étaient 470 en 1942, elles sont 103 aujourd’hui, dont 2 novices : plutôt que de se laisser démoraliser par la baisse des vocations, les diaconesses de la Communauté de Saint-Loup ont cherché un souffle nouveau et réorienté leur engagement au service des autres, cherchant à soulager les souffrances de l'âme après avoir dispensé des soins infirmiers pendant des lustres
Le 2 juin prochain, elles vont fêter à la fois les 25 ans de leur maison d’accueil qui ne désemplit pas, et les 150 ans de leur installation à Pompaples (VD), en plein « Milieu du Monde ». Responsable de la Communauté, Sœur Marianne Morel a l’accueil joyeux, le rire communicatif et un franc-parler à mille lieues de toute mômerie. Dans son habit bleu à col blanc, elle avoue être une femme heureuse. « J’ai complètement réussi ma vie ! », dit-elle spontanément, non sans évoquer ses débuts, à l’époque où sa vocation spirituelle ne lui sautait pas aux yeux. Elle s’obstinait alors à vouloir suivre l’école d’infirmère de l’Hôpital cantonal à Lausanne plutôt que celle de Saint-Loup, pourtant tout près de chez elle. Il aura fallu un tour de passe-passe du destin pour qu’elle comprenne quel était son véritable chemin, celui pour lequel elle s’est sentie appelée. Responsable de la vie de la Communauté, elle ne conçoit un engagement au service des autres que dans la plénitude de l’épanouissement. A une novice pour qui la vocation de diaconesse en communauté semble s'étioler, elle conseille de renouer pour un temps avec la vie du dehors. Certaines y ont même découvert un appel pour... le mariage et sont devenues mères de famille.

Dans les années 80, la crise des vocations frappe de plein fouet la Communauté de Saint-Loup, la forçant à se remettre sérieusement en question. Avec la création d’hôpitaux et de services sociaux un peu partout dans le pays, le travail infirmier mais aussi social que les Sœurs avaient mené dans les dispensaires et les hôpitaux, mais aussi les prisons et sur le terrain en tant qu’infirmières visiteuses, était de plus en plus fréquemment assuré par des professionnels extérieurs à la Communauté.

§Compassion et écoute Peu décidées à se replier sur elles-mêmes et à vivre dans une « bulle » à l’écart du monde, les diaconesses choisissent alors de se tourner vers l’accueil et la remise sur pied de ceux qui ont des bleus à l’âme et des éclopés de la vie qui font appel à leur aide. Elles accompagnent des gens en temps de crise, leur offrent un endroit protégé pour y mener une réflexion porté par un climat de paix et de foi. Elles font appel à une équipe de " bergères" formées à la relation d’aide qui vient renforcer leur travail.

Elles ouvrent, il y a de cela 25 ans, une maison d'accueil tout près de l'Hôpital de Saint-Loup où elles organisent des séminaires, des retraites spirituelles et des réunions de catécumènes. Soeur Elisabeth et Soeur Hédy, aidées par une équipe, en assume la bonne marche. Elles reçoivent ceux qui, malmenés par la vie, ont besoin de se ressourcer. Ils y trouvent compassion et écoute.

Des séminaires pour femmes y sont régulièrement organisés portant sur la résilience, l’identité féminine chrétienne, sur les émotions.

Le pasteur Philippe Decorvet et sa femme Nancy, médiatrice familiale, viennent renforcer l’équipe. La Maison d’accueil est devenue un espace de confiance qui ne désemplit pas et dont on se refile l’adresse.

A Romainmôtier, d'autres diaconesses ouvrent une Fraternité oecuménique, maison d’accueil et de prière pour celles et ceux qui veulent y faire halte pour « écouter Dieu dans le silence ». La vie y est rythmée par les quatre offices du jour. Les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle y font étape, ainsi que des religieuses d’autres confessions.

En marquant les 150 ans de leur installation à Saint-Loup par de nombreuses festivités qui s’échelonnent jusqu’à la fin de l’année (voir encadré), les diaconesses réaffirment leur vocation de compassion, de réconfort et d’aide au service des autres.