Pour le Centre social protestant,l’AI prend son temps sur le dos des assurés

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Pour le Centre social protestant,l’AI prend son temps sur le dos des assurés

21 mai 2002
Obtenir une prestation de l’assurance invalidité prend beaucoup trop de temps
Hier, le Centre social protestant vaudois a dénoncé les lenteurs de l’office cantonal de l’AI. L’attente dure parfois dix ans, alors que la personne souffrant d’un handicap se trouve déjà dans une situation d’extrême précarité morale et financière. Etre atteint dans sa santé au point de se tourner vers l’assurance invalidité (AI) constitue souvent une rude épreuve. Perte de son emploi, disparition de tout un réseau de connaissances se mêlent aux difficultés financières et à une douloureuse acceptation de son handicap physique ou moral. Pour le Centre social protestant (CSP) du canton de Vaud, les inacceptables délais d’attente auxquels sont soumises les personnes faisant appel à l’AI occasionnent nombre de souffrances supplémentaires. « Depuis quelques années et la crise du début des années nonante, ici comme dans d’autres centres de Suisse, plus d’une consultation sur dix concerne des personnes ayant une problématique en lien avec l’invalidité », souligne Caroline Regamey, chargée de recherche au CSP-Vaud.

Au nom du droit pour des personnes à un traitement digne qui fonde sa démarche, le CSP dénonce la lenteur de l’AI dans le traitement des dossiers, avec une durée moyenne située entre 2 et 6 ans. « Dans les cas où l’appréciation pose problème, cela peut aller jusqu’à dix ans », précise le directeur Pierre-André Diserens. Des mois et des mois durant lesquels les gens restent sans nouvelle de ce que devient leur demande, obtenant comme seule réponse que la procédure suit son cours. « Durant cette période, on n’est pas reconnue comme malade ou comme handicapée, alors même qu’elle ne peut plus ou presque plus travailler. Ces circonstances aboutissent parfois à des conséquences psychiques qui aggravent encore le handicap », indique une collaboratrice du CSP.

§Moyens insuffisantsAprès son droit à l’assurance perte de gains épuisée, la personne se retrouve à l’aide sociale qui lui octroie le minimum vital en attendant des prestations d’assurance souvent dues, puisque le taux de réponse favorable de l’AI tourne autour des 80% », note encore Caroline Regamey. Cette dépendance de l’assistance publique peut sérieusement affecter le moral, mais occasionner également une baisse importante du niveau de vie. Notamment lorsque les revenus du conjoint dépassent le minimum vital et excluent toute aide supplémentaire. « Sans compter, explique Caroline Regamey, que pour les étrangers le recours à l’assistance peut remettre en question le permis de séjour. » C’est ce qui arrive à Ulysse* pour qui six ans d’attente administrative signifient le refus d’un permis C d’établissement malgré seize années passées dans notre pays. Les collaborateurs du CSP remarquent par ailleurs une méfiance de l’Office cantonal de l’AI vis à vis de la main d’œuvre immigrée, malgré l’importance de leur présence dans des branches d’activité à risques pour la santé.

Le Centre social protestant vaudois demande donc une accélération de la procédure de décision. Celle-ci ne devrait pas dépasser deux ans, qui correspondent aux 720 jours d’indemnités perte de gains. « L’AI est l’assurance sociale qui dispose du plus petit budget de fonctionnement de ce secteur, alors que le nombre de demandes a explosé depuis dix ans », remarque la chargée de recherche. Autre requête, le développement d’une meilleure information avant et pendant l’ouverture des dossiers, notamment grâce à la rédaction d’une brochure de renseignements sur les détails de la procédure.