Séparation Eglise – Etat :Rude débat dans le canton de Vaud

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Séparation Eglise – Etat :Rude débat dans le canton de Vaud

10 mai 2002
Le sujet n’occupe que quelques lignes dans le projet de la nouvelle Constitution vaudoise
Pourtant, au sein de la Constituante, le statut des communautés religieuses a fait l’objet d’une discussion longue et fournie. Retour sur les enjeux de ce chapitre avec le pasteur Antoine Reymond, à l’heure où les cent huitante constituants s’apprêtent à voter la version définitive de leur texte.

Premier constat : Dieu a disparu du préambule. La future Constitution vaudoise s’ouvrira sur une société respectueuse de la « création », sans davantage de précision. Un détail qui n’en est peut-être pas un, même si l’important est ailleurs. Pour beaucoup, les débats en vue d’une refonte constitutionnelle cantonale devaient aussi être l’occasion de repenser les liens entre l’Eglise et l’Etat. Telle était par exemple la vision défendue par le chanteur Michel Bühler : « La plupart des pays modernes ont suivi ce conseil du Christ et ont séparé l'Eglise de l'État, quelques-uns des cantons qui nous entourent, également. (…) La spiritualité, la foi, la religion, c'est une chose, la conduite pratique des affaires de ce monde en est une autre. Il n'est pas bon que la religion dépende de l'État, comme il n'est pas bon que l'État soit soumis à la religion. »

Les partisans d’une telle séparation ont été largement minoritaires parmi les cent huitante constituants. Le pasteur Antoine Reymond, l’un des délégués de l’Eglise évangélique réformée vaudoise (EERV) aux débats, s’en réjouit : « Sur cette question, l’enjeu consistait à convaincre que la foi chrétienne n’appartient pas seulement à la sphère privée. Parce qu’il y a des personnes qui s’engagent dans les Eglises pour les pauvres ou les malades par exemple. Pour nous, l’Eglise a quelque chose à dire sur l’organisation de la société. »

§Catholiques et protestants sur un même plan Le texte adopté le reconnaît: le monde religieux participe à l’établissement des valeurs sociales et au renforcement du lien social. Mais, nouveauté, les deux Eglises historiques – catholiques et protestantes – sont désormais mises sur un pied d’égalité, comme « institutions de droit public dotées de la personnalité morale ». « C’est une conséquence à la fois de l’évolution des statistiques concernant l’appartenance religieuse et de l’intensification du dialogue œcuménique. Bien des défis sociaux et culturels se posent de la même manière pour nos deux communautés », estime Antoine Reymond. L’Eglise réformée perd donc son statut d’institution nationale. Elle devrait y gagner davantage d’indépendance : les postes continueront à recevoir un financement public, mais les ministres deviendront employés de l’institution et non plus de l’Etat. Dans leur commentaire, les constituants précisent que la contribution cantonale constitue le financement de prestations, et pas une subvention allouée en fonction du nombre de membres. Un système qui exclut toute forme d’impôt ecclésiastique. « Pour moi, cela signifie une responsabilité nouvelle de l’Eglise vis à vis de la société, qui nécessite un vrai questionnement sur ce que l’on désire transmettre comme message », souligne encore Antoine Reymond.

§Communauté israélite reconnue Autre aspect important de la future Constitution : la reconnaissance de la communauté israélite comme institution d’intérêt public. Le texte va plus loin, en offrant aux autres communautés religieuses la possibilité d’obtenir un statut identique. Antoine Reymond : « Cet aspect est fondamental et constitue à ma connaissance une première suisse. L’Etat s’offre un outil de dialogue et un véritable moyen d’intégration avec, par exemple, les musulmans. » Le texte précise que pareille reconnaissance sera liée au respect des principes démocratiques et à la transparence financière. Restera à se doter de moyens d’analyse, lorsque on connaît la méconnaissance profonde des autorités envers l’islam.