Les pasteurs vaudois vont mieux que prévuUne enquête fait le point sur Eglise A Venir

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Les pasteurs vaudois vont mieux que prévuUne enquête fait le point sur Eglise A Venir

18 avril 2002
Une majorité de pasteurs heureux de leur travail, des diacres qui se plaignent d’être moins bien payés que les ministres pour des tâches souvent équivalentes, des femmes traitées à égalité avec leurs collègues et un Conseil synodal plutôt mal perçu par ses employés : la photo de groupe qui résulte de l’enquête de satisfaction menée par l’Eglise évangélique réformée du canton de Vaud (EERV) deux ans après la mise en œuvre d’Eglise A Venir, est plus réussie qu’on ne l’imaginait il y a moins d’un an
Que sont devenus les pasteurs stressés, déprimés, dépassés par leurs nouveaux mandats éclatés, morcelés, dont on a beaucoup parlé l’automne passé? Moins de 5 % d’employés de l’Eglise vaudoise sont actuellement en arrêt de travail pour des causes fort diverses ( accidents, maladie), qui ne relèvent pas du burn-out. Le malaise commencerait-il à se résorber ? D’après les résultats rendus publics ce matin au cours d’une conférence de presse tenue à Lausanne, à deux pas de la cathédrale, il semble que chacun se fasse à la restructuration d’Eglise à Venir, mise en place le 1er juillet 2000. Cette réorganisation avait pour but de réaliser 9% d’économies demandées par le Conseil d’Etat vaudois, sur un budget global de 35 millions de francs.

L’enquête de satisfaction a été commandée par le Conseil synodal bien avant q’on ne parle de malaise dans l’Eglise vaudoise. Elle a été réalisée par un groupe de projet constitué de pasteurs et de diacres représentatifs de l’ensemble des collaborateurs de l’EERV. La mise en forme et le dépouillement de l’enquête ont été confiés au Service cantonal de recherche et d’information statistiques (SCRIS) pour en garantir le professionnalisme.

§78% d’heureuxIl en ressort que les ministres sont globalement satisfaits de leur situation (78% d’heureux). La crise d’identité que les sociologues ont repérée chez les pasteurs n’affecte pas leur plaisir à exercer leur ministère. Le travail en équipe est plutôt bien perçu par ces individualistes reconnus, 78% d’entre eux s’en déclarent en effet satisfaits.

Les ministres ne se sentent toutefois pas suffisamment reconnus et valorisés par l’institution alors qu’ils s’estiment appréciés sur le terrain par leurs collègues et les personnes pour qui ils travaillent. L’enquête révèle que les diacres se montrent encore plus heureux que les pasteurs, par contre ils se plaignent d’être moins payés qu’eux, alors qu’ils accomplissent des tâches semblables sur le terrain.

Les femmes expriment une satisfaction légèrement supérieure à celles des hommes en matière de chances de formation et de développement professionnel. Leur intégration semble réussie.

§Surcharge chroniquePoint noir à ce tableau qu’on pourrait croire idyllique : bien des ministres se considèrent comme surchargés de façon chronique. Si la demande sur le terrain n’a pas baissé, il y a moins de forces pour y répondre. Le morcellement du travail en différents temps partiels alourdit singulièrement leur tâche et semble à beaucoup irréaliste. Leur vie familiale en souffre. Les collaborateurs de l’EERV souhaitent dans leur majorité pouvoir mieux séparer leur vie professionnelle et privée.

§Distance avec l’institutionLes collaborateurs de l’EERV se distancent par contre de l’institution à laquelle ils ne se sentent pas vraiment appartenir. Ce constat peut s’expliquer par l’héritage de la Réformation dont l’acte fondateur relève d’une sévère critique institutionnelle, mais aussi par la réticence viscérale des protestants pour tout ce qui touche à la centralisation.

Autre constat sans appel : le mécontentement de nombreux collaborateurs face à la complexité des différents territoires mis en place par Eglise A Venir et la mauvaise circulation de l’information à l’intérieur comme à l’extérieur de l’institution.

Pour que le bilan de la restructuration de l’Eglise vaudoise soit complet, une enquête de satisfaction devrait également être menée auprès des utilisateurs réguliers et occasionnels de ses services. Afin de savoir comment sont vécus le regroupement de certaines paroisses, la suppression de cultes et la surcharge des ministres qui affecte leur disponibilité.