Congrès sur le suicide : les Eglises veulent briser le tabou

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Congrès sur le suicide : les Eglises veulent briser le tabou

16 avril 2002
1500 personnes se donnent la mort en Suisse chaque année, plongeant leur entourage dans la détresse, la culpabilité qu’un douloureux silence vient plomber
Le suicide fait plus de victimes que les accidents de la route. Personne ne le crie sur les toits et aucune prévention n’existe pour endiguer le phénomène. La Fédération des Eglises protestantes de Suisse, avec la collaboration de Caritas, a décidé d’empoigner le problème au cours d’un congrès pluridisciplinaire sur le sujet les 7 et 8 mai prochains à Berne. Retour de conférence de presse. Le suicide touche toutes les couches sociales sans distinction et frappe le monde rural de plein fouet. Notre pays est dans le peloton de tête des pays ayant un fort taux de suicides, particulièrement parmi les jeunes entre 15 et 25 ans : tous les deux à trois jours, un jeune se donne la mort. Devant les chiffres alarmants des statistiques, mais aussi devant tant de détresses passées sous silence, l’Institut d’éthique sociale, la Conférence de Diaconie de la Fédération des Eglises protestantes de Suisse, ainsi que Caritas ont décidé d’agir. Ils ont décidé de réunir début mai tous les milieux professionnels concernés par le problème lors d’un congrès « intitulé « Suicide… ? ».

Ce congrès devrait permettre de réfléchir aux moyens de freiner le nombre alarmant des suicides et de chercher des stratégies de prévention pour agir avant qu’il ne soit trop tard. Une question complexe, quand on connaît l’attitude de refus des jeunes en difficulté et l’isolement intérieur dans lequel s’enferment les candidats au suicide.

« S’il a été possible de modifier des comportements grâce à des campagnes d’information ciblées dans le domaine du sida, ont expliqué les organisateurs du Congrès au cours de la conférence de presse de ce matin à Berne, il doit être aussi possible de proposer un accompagnement à ceux qui traversent une épreuve qui les submergent. »

§Aide spirituelle sur Internet« Il faut être attentif à ceux qui crient tout seuls dans la forêt, afin qu’ils n’entendent pas seulement l’écho de leur propre voix mais aussi celle de quelqu’un d’autre qui a capté leur appel !», explique le pasteur Ebo Aebischer. En 1998, il a inauguré un service d’aide spirituelle sur Internet pour accompagner celles et ceux qui se manifestent. Il connaît le pouvoir de la parole qui peut ouvrir le ciel dans certains moments douloureux, pour l’avoir négligée lui-même à un moment-clé de sa vie. Confronté au suicide de deux employés du laboratoire de biochimie qu’il dirigeait à Berne, alors qu’il n’était pas encore pasteur, il n’a jamais cherché à rencontrer les proches de ses employés tragiquement décédés. De cette culpabilité, il a tiré un enseignement et les forces de briser le silence, de nouer un dialogue avec ceux qui sont en pleine détresse, mais aussi avec les proches, parents, conjoints, amis de la personne qui s’est donné la mort.

C’est à cet entourage que Marlène Messerli, chargée des projets sociaux en Suisse pour Caritas, pense qu’il faut porter une plus grande attention. Pour elle, le suicide est un problème de santé communautaire qui ne touche pas seulement les suicidaires et les suicidés, mais aussi leurs proches qui doivent vivre avec cette douloureuse réalité dans un silence étouffant.

§Suicide… ?, La société face à un tabou, Congrès interdisciplinaire, mardi 7 mai 2002, Kursaal, Berne

Journée d’études en ateliers, mercredi 8 mai, Hôtel Alfa Zentrum, Berne. www.suizidkongress.ch