Abus sexuels : une BD pour ne pas se taire

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Abus sexuels : une BD pour ne pas se taire

11 décembre 2001
La haute école sociale de Lucerne a choisi le vecteur du 9e art pour sensibiliser à la question des enfants abusés sexuellement
Pour réaliser l'album "Julie n’est pas la seule", les auteurs ont travaillé avec Helen Wormser, une juriste et psychologue spécialisée dans la maltraitance infantile. Disponible dans les trois langues nationales, l’ouvrage se veut un instrument d’information et de dialogue à l’intention des professionnels comme des parents et des enfants.

Julie, 13 ans, a honte. Son professeur de gymnastique a profité d’un camp de sport pour se livrer à des attouchements sur elle. Au lieu d’en parler, la fillette se mure dans le silence, ne dort plus, travaille mal. La bande dessinée que viennent de réaliser les éditions pour la culture et les affaires sociales de Lucerne le rappelle : malheureusement, Julie n’est pas la seule. Comme elle, en Suisse et ailleurs, de nombreux enfants et adolescents sont victimes d’abus sexuels ou de maltraitance.

« Détourner le regard, minimiser ou tout simplement ignorer ce qui se passe demeurent aujourd’hui encore les réactions les plus fréquentes lors de tels événements. Nous avons voulu montrer les moyens à disposition de la personne abusée pour réagir de manière appropriée dans une situation difficile », expliquent les auteurs. Ils sont trois, Helen Wormser, juriste et psychologue. Longtemps procureur de district à Zurich, elle est aujourd’hui notamment chargée de cours au sein de la haute école pour le travail social de Lucerne pour les questions relatives à la maltraitance infantile et préside l’association « Help-o-phone », le service d’assistance téléphonique destiné aux enfants et adolescents (no 147). Son apport a été déterminant pour présenter de manière simple et concrète un problème forcément délicat et complexe.

§Un langage pudique mais précisLe lecteur suit donc le cheminement de Julie que sa maîtresse de classe encourage à parler, et qui accepte de témoigner auprès de la brigade de protection des mineurs. Grâce à un langage très didactique, l’ouvrage se présente véritablement comme un instrument d’information complet et clair. Chacun apprend notamment comment se déroule une instruction, quels sont les droits et devoirs d’un témoin. La pudeur du ton n’empêche pas la précision des renseignements : un glossaire final explique la signification de certains termes juridiques et les différents jos_content de la LAVI concernant les plus jeunes. Elle n’occulte pas davantage certaines réalités, comme les aspects pénibles d’une procédure judiciaire pour la victime et les lourdes conséquences à prévoir pour l’adulte dénoncé.

Mais dans tous les cas, il faut parler au lieu de se taire. Voilà le message de cette bande dessinée également conçue comme une invitation au dialogue entre adolescents, parents et professionnels et de l’enfance. « Pour être en mesure de faire respecter ses droits, l’enfant doit apprendre à conserver sa dignité et à affermir la conscience de lui-même. Il doit aussi savoir que personne n’a le droit de le toucher sans sa permission et que ce qui lui est arrivé survient aussi à d’autres », rappelle Helen Wormser.