Musulmans à l'Université: une table ronde pour faire connaissance

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Musulmans à l'Université: une table ronde pour faire connaissance

30 novembre 2001
Qui sont les musulmans de chez nous ? Faut-il tous les mettre dans le même panier du fondamentalisme ? Depuis les événements du 11 septembre, la communauté musulmane de notre pays est régulièrement invitée à se présenter, à s’exprimer et à s’expliquer
Ce qu’elle a fait l’autre jour encore au cours d’une table ronde organisée par l’aumônerie de l’Université de Lausanne à la Grange de Dorigny. Cécile Lombardot, jeune femme d’origine française convertie à l’islam, et Slim Ben Younes, membres de la Communauté musulmane de Lausanne, ont témoigné de leur foi en Allah, le très Miséricordieux. Autour d’eux, Madame Mounia Bennani-Chraibi, professeur assistante à la Faculté des Sciences sociales et politiques (SSP), spécialiste des questions politiques dans le tiers-monde, et Messieurs Mondher Kilani, professeur à la même Faculté et Jean-Claude Basset, professeur à la Faculté de théologie et membre de la plate-forme inter-religieuse de Genève.

Cécile Lombardot a expliqué que son choix de l’islam lui a permis de « donner une orientation et un cadre à sa vie » . Le port du foulard sur lequel on ne manque pas de la questionner, n’est en aucun cas pour elle un signe de militantisme; il lui est apparu comme une évidence qui lui donne le sentiment d’être appréciée pour ce qu’elle est et non pour son apparence.

§Modèle occidental imposéC’est en tant qu’anthropologue et historien des religions que Mondher Kilani apporta son témoignage : pour lui, le problème réside dans la confrontation entre l’islam, en situation d’oppression et figé dans son évolution, et un modèle de société universel dominant imposé par l’Occident. ”

Pour Mounia Bennani-Chraibi, ce clivage entre deux blocs irréductibles est dépassé. Elle ne nie pas l’hégémonie occidentale et pense que l’attitude actuelle des fondamentalistes est une réaction post-colonialiste. Au contraire de son collègue, elle considère qu’il y a actuellement une très grande dynamique dans le monde musulman qui subit actuellement des changements de société accélérés, pour se réapproprier et réinventer un islam frotté à la modernité.

En homme de dialogue, Jean-Claude Basset a évoqué l’extraordinaire proximité des deux monothéismes à vocation missionnaire que sont l’islam et le christianisme. Il a rappelé que tout dialogue avec l’autre implique une part de risques et beaucoup de respect. Les problèmes surgissent dès lors qu’on veut imposer à l’autre ses propres vues. Le défi du dialogue, pour lui, est dans l’enrichissement mutuel plutôt que la réduction de l’autre à ses propres catégories. Mais encore faut-il qu’il y ait réel dialogue. Devant la complexité du monde musulman dont l’assemblée put prendre la mesure, et dans un souci du politiquement correct, le dialogue souhaité n’a pas vraiment pris forme et les questions sont restées dans les tiroirs.