Le catholicisme suisse de 1933 à 1945 :Une vaste étude tente de relire le passé

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Le catholicisme suisse de 1933 à 1945 :Une vaste étude tente de relire le passé

30 octobre 2001
L’Eglise catholique vient de livrer les résultats d’un travail de recherche et de relecture du passé qui tient dans un pavé de près de 700 pages, « Le catholicisme suisse de 1933 à 1945 : entre repli sur soi et élan solidaire», essentiellement rédigé en allemand
Deux chapitres sont consacrés aux catholiques genevois, victimes dans ces années-là d’un anti-catholicisme virulent. Les résultats d’un important travail de recherche sur le catholicisme suisse avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, commandé par la Conférence centrale catholique romaine, en accord avec la Conférence des évêques suisses, vient d’être présenté à la presse à Lausanne. Il a été réalisé à Lucerne par le professeur Victor Conzemius, spécialiste de l’histoire moderne, et une équipe de quinze chercheurs. En tout 25 contributions s’intéressant aux trois régions linguistiques du pays. Quatre seulement sont rédigées en français, deux en italien.

Lors de la conférence de presse à Lausanne,son auteur a précisé d’emblée que la culpabilité n’est pas le problème de l’historien. Et rappelé l'Eglise catholique romaine ne disposait que d’une marge restreinte de liberté dans une Suisse encerclée, ce qui explique en partie sa timidité à monter au créneau pour venir au secours des réfugiés et dénoncer les totalitarismes qui ravagèrent l’Europe. Dans ce contexte frileux, différentes personnalités - Charles Journet à Fribourg, l’abbé Gross au camp de Gürs, l’abbé Membrez à Porrentruy, le Père Favre et ses confrères de l’institut Florimont de Genève - firent de leur mieux pour soutenir des actions de sauvetage des réfugiés. L’antisémitisme religieux ambiant de ces années-là n’a pas empêché les catholiques de la base d’aider des réfugiés juifs, essentiellement en Suisse romande et dans les régions frontalières.

§Confrontation des catholiques et des protestantsJean-Blaise Fellay et Olivier Fatio consacrent deux chapitres à la confrontation à Genève des catholiques et des protestants dans les années 1920-1950. Les catholiques, victimes d’un anti-catholicisme virulent, étaient trop occupés à arracherpièce à pièce leur insertion dans la société genevoise raidie par un réflexe identitaire de rejet, mais aussi à lutter contre le libéralisme, le socialisme et les dérives de la modernité dénoncée par les intellectuels catholiques de l’époque, Alexandre Cingria en tête, imputées à Luther, Descartes et Rousseau, pour se préoccuper de la montée des totalitarismes en Europe. En 1936, les catholiques devinrent partie prenante de la majorité politique genevoise. La sécularisation mais aussi le recul de l’influence des Eglises et la privatisation de la religion vont mettre fin aux stratégies de pouvoir des protestants et des catholiques.

L'attitude des catholiquestessinois face au fascisme, est passée en revue de même que l’attitude de Mgr Besson, évêque du diocèse de Lausanne, Fribourg et Genève, qui tint à maintenir son Eglise hors du débat politique, tout en apportant un soutien sans équivoque à la cause franquiste.

Des chapitres sont consacrés à la formation de l'anti-judaïsme religieux auquel s’opposa vigoureusement Charles Journet, qui se vit interdire par son évêque, Mgr Marius Besson, la publication d’un article dénonçant la coopération de la police française avec l’occupant nazi au lendemain de la rafle du Vélodrome d’Hiver en juillet 42. Il devint, au sortir de la guerre, l’un des interlocuteurs privilégiés du dialogue avec les juifs.

§Victor Conzemius, Schweizer Katholizismus, 1933-1945, Editions NZZ, Zurich, 2001.