Suisse romande : protestants et évangéliques enterrent la hache de guerre

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Suisse romande : protestants et évangéliques enterrent la hache de guerre

2 juillet 2001
« Nous voulons nous accepter les uns les autres comme le Christ nous a acceptés
» Une profession de foi qui marque la fin d’un long antagonisme. Le texte signé par les représentants des deux communautés parle aussi de collaboration, de partenariat et de fraternité. Il aura fallu 10 ans de dialogue et de lutte contre des préjugés réciproques pour y parvenir. Certes, cette déclaration se limite pour l’heure à la partie francophone du pays. Pourtant, elle va au-delà des intentions et engage les hommes sur le terrain. Reste à savoir si le message sera entendu. L’initiative demeure pour l’instant limitée à la seule Suisse romande. Il n’empêche. Elle a déjà des allures de petite révolution. Protestants et évangéliques ont signé une déclaration d’intentions commune. Le 19 juin, l’assemblée des délégués de la Fédération des églises protestantes de Suisse (FEPS) a ratifié ce texte, quelques mois après son homologue évangélique, la FREOE (Fédération romande d’Eglises et œuvres évangéliques).

Un vote assez largement favorable, qui a pourtant suscité un débat passionné. Il faut se rappeler le passé pour mesurer le chemin parcouru : les deux communautés se sont en effet longtemps regardées en chiens de faïence. Les réformés stigmatisaient ce qu’il estimaient être du prosélytisme, à côté d’une lecture littérale de la Parole. Les évangéliques décriaient le protestantisme, « ventre mou » de plus en plus éloigné du message christique. Du passé, tout cela ? « Pas toujours, reconnaît le pasteur évangélique Roland Ostertag. Mais le pas que nous venons d’effectuer les uns vers les autres résonne comme la volonté de lutter contre les ignorances réciproques. »

Il aura fallu une dizaine années de rencontres et d’écoute pour que les deux communautés se reconnaissent comme des partenaires privilégiés. Roland Ostertag : « Cela a effectivement pris du temps. Un échange nourri mais nourrissant, qui a abouti à ce que nous nous considérions comme des « semblables différents . »

§Un code de bonne conduiteDe son côté, la Suisse alémanique ne semble pas prête à franchir le mur des divisions. « Les protestants y sont encore à la fois inquiets et agacés par le comportement parfois suffisant d’une mouvance en plein essor », remarque le pasteur évangélique. Les prochaines négociations entre la FEPS et la Fédération des Eglises libres alémaniques (VFG, pendant suisse allemand de la FREOE) risquent d’être ardues.

Certes, le texte accepté par les deux assemblées romandes reste assez vague. Il passe par exemple totalement sous silence les profondes divergences existantes. Sur le plan des pratiques ecclésiales, par exemple, on se contente de se reconnaître « héritiers des convictions et des expériences de la Réforme. » Il ne se résume pas pour autant à une déclaration de bonnes intentions. Ainsi, dans les régions où une cohabitation existe, les membres et communautés sont invités à « établir des contacts amicaux, à s’informer mutuellement, à rechercher des possibilités de collaboration. » On y découvre aussi un engagement « à éradiquer nos préjugés respectifs », et même à « renoncer à détourner des membres actifs de l’autre communauté. » Roland Ostertag précise encore: « Cette déclaration concerne un état d’esprit et une ouverture de cœur. Elle doit nous inviter sur le terrain à accepter que l’existence de l’autre répond aux besoins différents des croyants. » On comprend dès lors que le Conseil de la FEPS parle d’un véritable code de bonne conduite intra-protestant.

Tout le monde en est cependant conscient : Cette déclaration restera lettre morte si elle n’est pas mise en pratique au sein des paroisses réformées et des quelques 140 communautés évangéliques de Romandie.