Monthey parle religion à l’heure du fendant:Que dit la Bible de l'homosexualité?

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Monthey parle religion à l’heure du fendant:Que dit la Bible de l'homosexualité?

11 juin 2001
Le premier Théol’Apéro a eu lieu samedi matin au centre paroissial protestant en Biolle
A l’ordre du jour, un débat très attendu autour d’une approche théologique de l’homosexualité. Mais la récente polémique qui entoura l’annonce d’une Gay Pride à Sion a semblé bien loin et les invités ont pu, devant un public clairsemé, présenter leur compréhension des rares textes bibliques abordant cette question. L’occasion de rappeler que l’Evangile est d’abord un appel à la tolérance. La pluie a-t-elle refroidi les ardeurs partisanes ? On pouvait le penser, samedi matin à Monthey, où un peu moins d’une trentaine de personnes assistaient à un premier Théol’Apéro sur l’homosexualité. Sujet qui a pris récemment une tournure très polémique autour de la venue de la Gay Pride cet été à Sion.

Heureusement pour la tenue des débats, mais peut-être malheureusement en regard de l’absence de véritable contradiction, un consensus de tolérance se dégagea rapidement parmi les invités. Nulle trace, parmi eux ou au sein du public, des auteurs de la pétition homophobe parue dans le Nouvelliste, ou de représentants de positions théologiques radicales.

Voilà qui laissa le temps aux intervenants de préciser ce que les Ecritures disent de l’homosexualité. « Justement pas grand chose, a répondu Philippe Genton, pasteur à Monthey. Seuls de rares textes isolés y font référence. Soit dans le Lévithique, avec la question de la voie royale ; soit dans le Nouveau Testament avec quelques passages de l’apôtre Paul, dans les Epîtres aux Corinthiens ou aux Romains. »

§L’exemple du ChristA propos du Lévithique, justement, tout le monde s’est accordé à souligner que si l’on veut être fondamentaliste, il faut tout lire et considérer alors que « nous sommes presque tous condamnés à mort, a encore expliqué Philippe Genton. Une seconde escroquerie consiste à faire croire que la Bible est linéaire. Lorsque Jésus est confronté à l’adultère (Jean, 8), il n’applique ni la Loi, qui voudrait la lapidation ; ni la coutume qui exigerait le bannissement. Par là, le Christ nous apprend que le vrai fondamentalisme se rapporte à l’esprit des Ecritures. » Bref, pour Philippe Genton, « rien n’est impur en soi » ou encore « nous sommes tous pêcheurs », « ce qui signifie que lorsqu’on touche à l’être, on ne peut que mettre l’humanité dans une seule catégorie. Tout le reste dépend du faire et du vivre. L’Evangile constitue justement le seul discours capable de récuser toutes les situations d’exclusion. »

Secrétaire romand de l’association faîtière des homophiles de Suisse Pink Cross et croyant, Jean-Paul Guisan a demandé que l’on n’oublie pas le contexte historique des Epîtres de Paul. « L’homosexualité est un terme médical datant du XIXe siècle. Il évoque l’amour entre deux adultes consentants. Cela n’a rien à voir avec la vision antique qui se base sur le rapport entre maître et esclave, dominant et dominé. » Autrement dit, a repris Marc-André Freudiger, pasteur de l’est vaudois, « ce dont parle Paul avant tout, c’est de la pédérastie active ou passive, non de l’homosexualité dans son acception actuelle. »

§Devoir d'accueil§

Restait alors la question de la place que les Eglises laissent aux homophiles. La question y est d’actualité (voir notre article sur le récent ouvrage de débat édité par la Fédération des églises protestantes de Suisse), et la réponse aussi diverse que nuancée. Du très libéral Philippe Genton qui en appelle à « refuser une double éthique dès que l’on s’éloigne de la norme » à Bernard de Chastonay, vicaire de la paroisse catholique de Monthey, qui a rappelé que Rome voit l’acte homosexuel comme « intrinsèquement désordonné ». « Il existe donc une tension entre cette position et notre devoir d’accueil. Le plus important, je crois, est de considérer les homosexuels comme des personnes, des êtres humains à qui l’on peut offrir écoute et accompagnement. » Une formule à laquelle, conclurent les orateurs, tout croyant devrait pouvoir souscrire.