Ecoles chrétiennes: pas un héritage de la Réforme

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Ecoles chrétiennes: pas un héritage de la Réforme

10 mai 2001
« Les écoles chrétiennes d’aujourd’hui ne sont pas un héritage de la Réforme"
Directeur à Genève de l’Institut d’histoire de la Réformation, Olivier Fatio s’inscrit en faux. Non, explique-t-il, ces écoles ne peuvent se réclamer d’une tradition issue de la Réforme. «Tout le monde sait que c’est avec la Réforme que se construit le système éducatif. Mais si elle a été enseignante, c’est dans le cadre d’écoles publiques gérées et financées par l’Etat. Il s’agissait en fait d’une restructuration de la société civile. »

En 1815, la construction de la Suisse moderne change la donne. « Avec la création des Eglises « libres », on voit fleurir des établissements privés comme l’Ecole Vinet à Lausanne. A Genève, ces initiatives émanaient le plus souvent de personnes animées de convictions protestantes, et non des Eglises elles-mêmes. La tradition protestante consiste donc certes à ouvrir des écoles, mais certainement pas de petites structures privées en porte-à-faux avec l’enseignement public. »

§Enjeux éducatifsENBIRO (Enseignement Biblique Romand) est une association créée par les Départements et les Eglises afin de fournir des outils d’enseignement sur la Bible dans le cadre de l’école publique, loin de toute visée prosélyte mais avec, au contraire, une volonté inter-religieuse. Son président, le pasteur Claude Schwab, n’est donc pas le moins bien placé pour poser un regard sur le succès vaudois des écoles chrétiennes. « Il est amusant de remarquer que leurs emplacements correspondent à des régions du canton de Vaud fortement influencées par le courant darbyste comme La Côte ou le nord vaudois. Et qu’une école comme Pierres Vivantes à Châtonnaye, autorisée dans le canton de Vaud, a d’abord tenté de s’implanter sur Fribourg, sans succès. Je crois d’ailleurs que l’autorisation vaudoise est contestée. »

Pour le pasteur, la motivation des parents doit effectivement être comprise comme le souci d’obtenir une intime cohérence entre la famille et l’école. « Je peux comprendre cette volonté de faire en sorte que l’enfant ne se retrouve pas entre deux systèmes de valeurs. Ces établissements posent d’importants enjeux éducatifs : jusqu’où faut-il mettre un enfant en serre ? Jusqu’où peut-on guider ses choix ? » De manière générale, note Claude Schwab, l’existence de ces école rappelle aussi les carences de l’école publique en matière de repères. « Mais en ce qui me concerne, je pense qu’une identité se forge en se confrontant à l’altérité et en dialoguant avec les autres. »