Nouvelle Constitution neuchâteloise: quelles relations entre les Eglises et l'Etat?

légende / crédit photo
i
[pas de légende]

Nouvelle Constitution neuchâteloise: quelles relations entre les Eglises et l'Etat?

1 septembre 2000
La nouvelle Constitution neuchâteloise resserre les liens entre les trois Eglises reconnues - réformée, catholique et catholiques chrétienne, et l'Etat, et ouvre la porte à la reconnaissance officielle d'autres communautés religieuses
Ces nouvelles dispositions devraient en principe conduire l'Etat à accroître son soutien financier aux activités sociales des Eglises.

La nouvelle Constitution neuchâteloise jette les bases d'une collaboration plus étroite entre l'Etat et les trois Eglises reconnues - réformée, catholique et catholiques chrétienne - du canton. Ces dernières sont reconnues d'intérêt public et peuvent donc légitimement escompter un accroissement du soutien des pouvoirs publics à leurs activités sociales, Centre Social protestant, aumôneries d'hôpitaux ou de prison: "La Constitution admet que ces services rendus à la collectivité donnent droit à un financement de l'Etat, qui pourra probablement être régulièrement réajusté en fonction des activités spécifiques des Eglises", souligne Jean-Pierre Roth, membre du Conseil Synodal de l'Eglise réformée (EREN).

§Ouverture aux autres religionsAutre innovation, elle est de taille, le statut d'"intérêt public" est accessible à toutes les communautés religieuses du canton, moyennant le dépôt d'une demande officielle et le respect de certaines conditions dont la transparence financière et un fonctionnement démocratique. Cette possibilité d'une reconnaissance étatique rencontre déjà un accueil favorable chez les musulmans du canton: "C'est un moyen d'intégration supplémentaire, relève Nadia Karmous, Présidente de l'Association culturelle des femmes musulmanes de Suisse et membre du Groupe de travail pour l'intégration des étrangers. De la sorte, nous pouvons mieux vivre notre double appartenance, suisse et musulmane". Quant à la Fédération évangélique neuchâteloise, elle a déjà déposé une demande dans ce sens il y a plus d'une année.

§Le ConcordatSi la Constitution énonce les principe directeurs, le détail des relations entre les Eglises et l'Etat figure dans un Concordat actuellement en consultation dans les communes et les partis politiques, avant d'être soumis au débat parlementaire dans le courant de l'année prochaine. Il devrait entrer en vigueur en 2002. C'est lui qui prévoit l'enveloppe annuelle que devront se partager les trois Eglises reconnues, réformée, catholique et catholique chrétienne. Le montant exact reste à déterminer, mais d'après les estimations, il devrait avoisiner le million et demi de francs, et est susceptible d'ajustement au gré des évolutions du coût de la vie. Celui-ci remplace le vieux subside de 200'000 ancré dans l'actuelle Constitution, et qui n'a pas bougé depuis 1943.

§Culture religieuse à l'écolePar ailleurs, le Concordat introduit une innovation dans le domaine scolaire. Il prévoit la mise sur pied d'un enseignement non confessionnel de culture religieuse et humaniste, répondant aux exigences d'une école laïque. Une Commission a été créée à cet effet composée d'enseignants et de représentants des Eglises. Dans ses premières conclusions, elle rejette l'idée d'une branche à part entière avec des professeurs spécialisés et une dotation horaire spécifique. Elle juge préférable d'intégrer des éléments de culture religieuse aux disciplines déjà existantes, histoire, géographie ou éducation civique, quitte à demander un complément de formation aux enseignants concernés: "Prenons garde à ne pas surcharger les programmes, explique Gottfried Hammann, membre de la "Commission des cultures religieuse et humaniste" et professeur de théologie, et aussi à ne pas réveiller les craintes toujours vivaces de voir s'infiltrer le religieux dans l'instruction publique". Reste que les Eglises s'avouent déçues par l'option retenue: "Nous voulions une branche à part entière, explique Werner Alder, secrétaire général de l'Eglise réformée (EREN). Nous attendons le projet définitif pour voir comment il convient de le compléter. Mais par-delà la culture chrétienne, je crois nécessaire de transmettre des connaissances sur la foi et le credo chrétiens".

Ce projet de culture religieuse à l'école doit encore passer en consultation ainsi que dans l'arène parlementaire avant son entrée en vigueur théoriquement prévu à la rentrée 2001.