Des guérisseuses imposent les mains dans l'église ouverte de Bâle

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Des guérisseuses imposent les mains dans l'église ouverte de Bâle

23 août 2000
Chaque jeudi, l'église ouverte Sainte Elisabeth de Bâle, accueille des guérisseuses qui pratiquent l'imposition des mains
Les consultations se font derrière des paravents dans le chœur du sanctuaire situé en plein quartier des banques. Ce jour-là, les gens se pressent dans la nef pour être soignés. Une façon pour eux de remettre les pieds dans une église.Jeudi, 14 heures 30: la nef de l'église Elisabeth sert de salle d'attente à une dizaine de personnes, munies d'un numéro de passage, attribué par une bénévole dévolue à l'accueil. Elles bavardent à voix basse sur fond de flûte de pan et d'orgue, pour faire connaissance. On confie ses bobos, on échange ses impressions, ceux qui sont déjà venus en consultation disent tout le bien que leur a procuré les consultations précédentes. Il y a là des habitués, comme ces deux ferblantiers bâlois venus avec leurs femmes, et cette une très vieille dame cassée dans sa chaise roulante, venue tout exprès de Fribourg-en- Brisgau. Parmi ces gens, une trentaine par après-midi qui attentent dans une ambiance joviale, il y a des catholiques et des protestants, beaucoup d'indifférents qui ne fréquentent plus les églises. Il est arrivé que des musulmanes se risquent dans l'église attirées par le bouche à oreilles et demandent si elles peuvent aussi bénéficier des soins offerts.

Une femme, qui attend son mari en consultation derrière l'autel, est soudain attentive à la musique diffusée en continu, et à observer les vitraux dans le chœur, qui représentent l'adoration des mages, la crucifixion et la résurrection du Christ. "C'est beau"! commente-t-elle, un peu intimidée.

La consultation accordée à chacun dure trente minutes: un quart d'heure d'entretien et d'écoute attentive, un autre consacré à l'imposition des mains. Debout derrière le patient assis, la guérisseuse pose ses mains délicatement sur les épaules, puis sur les bras, effleure le cou et termine en faisant un signe de croix.

§La foi chrétienne concerne l'être tout entierLe pasteur Felix Felix, la quarantaine juvénile, a eu l'idée du concept d'église ouverte pour sauver le sanctuaire désaffecté de la démolition. Parmi les activités originales qui s'y tiennent, l'imposition des mains. Cette pratique dans le cadre de l'Eglise réformée paraît saugrenue à certains; il n'en a cure. "La foi chrétienne englobe aussi le corps, elle ne concerne pas seulement l'âme! rappelle-t-il. Etre en bonne santé, c'est important dans chaque religion. C'est pourquoi j'ai cherché du côté des médecines alternatives pour aider les gens à se sentir bien dans leur peau, à calmer leurs souffrances. L'imposition des mains se pratique depuis un siècle dans certaines églises anglicanes et dans les hôpitaux de Grande-Bretagne".

§Rien à voir avec de la magieBéatrice Anderegg, femme de pasteur et guérisseuse, la première à s'être lancée dans l'aventure à l'église ouverte, tient à préciser que l'imposition des mains n'est ni une invention du christianisme ni une nouvelle tendance ésotérique, encore moins de la magie.

"Je préfère parler d'aide à la convalescence, explique-t-elle. Nous avons repris des gestes symboliques qu'on trouve dans la Bible et qui sont capables de transmettre un message au plus profond d'un individu et met en marche des processus de guérison. Je n'accomplis rien d'extraordinaire, j'ai reçu un don dont je veux faire profiter les autres. Sans l'aide de Dieu, je ne peux pas soigner".

§Quatorze guérisseurs bénévolesL'équipe de guérisseurs de l'église ouverte bâloise, douze femmes et deux hommes, a été triée sur le volet. "Nous n'avons pas accepté de médium ou de clairvoyant dans notre équipe et personne n'est autorisé à poser un diagnostic", précise encore Felix Felix.

Les guérisseurs, qui travaillent bénévolement, viennent d'horizons spirituels différents mais tous disent avoir reçu un don d'essence divine. Rebecca par exemple, est devenue guérisseuse après une sérieuse casse. Elle était cadre dans une chaîne de grands magasins. Surmenée, elle craque à la naissance de son fils. Elle s'adresse alors à une guérisseuse qui lui révèle qu'elle peut se prendre en main elle-même, parce qu'elle a reçu un don. La voilà qui change complètement d'orientation professionnelle. Verena, a tout un parcours dans la coopération technique en Afrique, avant de se découvrir, au cours d'un travail personnel de développement, une vocation de guérisseuse.

§L'écoute et la compassion L'écoute, la compassion, le toucher plein de respect sont les bases de leur "traitement". Ce qui compte avant tout pour Félix Félix, c'est le soutien qui peut être donné aux personnes qui se retrouvent dans l'église Elisabeth. Un soutien aussi bien solidaire et social, que spirituel et culturel. Ce sont les pôles de l'action de l'église ouverte, désireuse d'aller à la rencontre des gens, de tenir compte de leurs besoins. "Au moyen âge, on faisait du théâtre et de l'art dans les églises et l'on y servait aussi la soupe populaire. Nous avons voulu renouer avec cette tradition-là. Il ne doit pas y avoir que la Parole dans une église, mais la vie, toute la vie, dans sa banalité même".