« je touche ceux qu’on ne veut pas toucher »

© CC Flickr/Rui Duarte
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© CC Flickr/Rui Duarte

« je touche ceux qu’on ne veut pas toucher »

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Roselyne Righetti est pasteure de l’Eglise réformée vaudoise. Elle est en charge de la Pastorale de Rue et du Ministère Sida. Rencontre avec une femme qui travaille aux côtés des exclus.

Elle porte un blouson de cuir à l’encolure mouton et des chaussures de marche. Autour du cou, une croix, et dans son regard un éclair de malice.

Accompagner les exclus

Roselyne Righetti a 60 ans. Elle est pasteure à Lausanne responsable de la Pastorale de Rue et du Ministère Sida. Jour comme nuit, elle arpente le pavé de la cité avec pour mission d’accompagner les exclus de notre société. Depuis quinze ans, la pauvreté, la toxicomanie, la maladie et le sida sont son quotidien. Dans sa poche, son téléphone portable est toujours allumé. Son numéro n’a pas changé, il fait partie de son identité. Son QG, c’est la Pasto, un lieu d’accueil ouvert l’après-midi. Et le dimanche soir, elle prêche à la chapelle de la Maladière.

« Une fois vêtu, nourri et logé, le pauvre reste pauvre et c’est sa dignité qui, en premier, a pris la fuite. Alors certains pètent les plombs.» Mais Roselyne est là. Et chaque matin, elle part à la rencontre de ces humains et du Christ « qui le premier s’y est identifié ». Elle leur apporte la Parole « vivante, tranchante et flamboyante », qui tout comme elle, ne triche pas. « Je ne laisse pas mes sentiments au vestiaire. Je parle à chacun avec honnêteté, avec ce que je suis et ma foi. Et c’est ensemble que nous tenons le coup. Etre solidaire, c’est consentir à ce qu’est l’autre pour enrichir notre relation. »

Le visage du Christ

« La rue n’a pas de façade, les gens y sont nus, tout comme le Christ, de la crèche à la croix. Et il y a tant de bras ouverts », explique-t-elle. Elle se souvient du visage d’un homme, atteint du sida et dont le corps portait les marques de la maladie, de la drogue aussi. « Son accueil était si joyeux et son visage christique. » Quand elle en parle, comme des autres, c’est avec amour et rires. « Ils sont ma famille », lâche-t-elle.

Une réalité brutale

« Tu nous enterreras tous », entend-elle souvent, à raison. Car derrière ses mots d’amour, Roselyne est consciente de la réalité brutale de la rue qui ne va pas changer. Pasteure sans frontière, « je touche ceux qu’on ne veut pas toucher », comme dans son Ministère Sida. « La science avance, mais le vécu du malade ne change pas et le regard de l’autre se fait rare et jugeant ».

Pourtant « le Christ est dans le visage de l’autre et si Dieu n’aime pas le péché, il aime le pécheur. Or nous sommes tous pécheurs et tous sauvés, ce qui nous ramène à notre condition commune d’être humain. »

encadré

La Pasto : ouverte du lundi au vendredi et le dimanche de 15h à 17h30, rue Pré-du-Mar- ché 9, Lausanne, 078 754 68 13.

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