Les LGBTI en quête de reconnaissance

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Les LGBTI en quête de reconnaissance

Pour les personnes LGBTI (Lesbienne, Gay, Bisexuel, Transgenre, Intersexe), l’accueil de chacun tel qu’il est, professé par les Eglises, n’est pas assez mis en acte. Elles se créent des espaces pour partager leur spiritualité.

Le discours des autorités des Eglises réformées est rodé: chacun est accueilli tel qu’il est, aussi bien au culte que dans les différents lieux d’Eglises et les activités proposées. Sur le terrain pourtant, les personnes LGBTI (voir encadré) n’ont pas le même sentiment. Elles pointent du doigt la méconnaissance de leur réalité et le silence qui les entoure.

Parler de son orientation sexuelle, c’est prendre le risque d’une réaction jugeante de la part des paroissiens et des ministres. Pour ne pas être réduites à leur sexualité, les personnes LGBTI partagent la volonté d’une prise de conscience en Eglise.

«Il y a une nécessité, aujourd’hui, de créer des groupes de partages pour les chrétiens LGBTI, explique André Varidel, président de l’association Chrétiens + Homosexuels Vaud (C+H Vaud). Bien sûr, il y a un risque de stigmatisation. Mais ces groupes sont malheureusement une étape nécessaire. Ils permettraient une ’banalisation  de l’accueil au sein des communautés réformées. Par ailleurs, pour parvenir à l’inclusivité (ndlr, des personnes LGBTI), il faut expliquer les textes bibliques qui posent problème en chaire, avec des prédications sur l’accueil.»

Un sentiment de confiance

En fin d’année, un jeune chrétien s’adresse au Conseil synodal vaudois. Il demande qu’un lieu communautaire de partage soit labellisé EERV (Eglise évangélique réformée du canton de Vaud), mais aussi des célébrations inclusives et une formation aux réalités des per- sonnes LGBTI, destinée aux responsables d’Eglises. «Tous les chrétiens ont le droit de se réunir s’ils en éprouvent le besoin. La question des moyens à mettre en œuvre par l’Eglise doit être réfléchie. Mais nous ne pouvons pas ignorer ces demandes du terrain. Il est temps de mettre en pratique notre discours sur l’accueil», affirme le conseiller synodal vaudois Laurent Zumstein.

En Suisse romande, des groupes de partage pour personnes LGBTI sont déjà sur pied. L’antenne LGBTI du Lab de l’Eglise protestante de Genève (EPG) propose depuis deux ans des rencontres pour les jeunes et des cultes inclusifs. En septembre, elle organisait une formation de sensibilisation à l’homophobie et la transphobie destinée aux pasteurs et accompagnants jeunesse. Le responsable de l’antenne, Adrian Stieffel, est aussi chargé de ministère, un 20 % payé par l’EPG.

A Neuchâtel, trois pasteures ont lancé le groupe Arc-en-Ciel en 2016, l’année de la création du groupe C+H Vaud, qui se décline aussi sur Genève. Les participants de ces quatre groupes sont chrétiens et cumulent des expériences de souffrance au contact des Eglises. Beaucoup ont vécu un rejet au sein de leur communauté: impureté, guérison, jugement, exclusion réelle ou latente. Pour nombre de participants, c’est au contact de ces groupes de partage qu’ils renouent avec leur foi.

L'argument biblique divise

Au sein de nombreuses paroisses, l’inclusivité titille, mais les outils concrets manquent pour mettre en acte un réel processus de changement. Quant à ceux qui sont opposés à l’union des couples de même sexe, ou au simple accueil, ils restent injoignables. Pourquoi ? «Il y a une trop grande souffrance : celle de ne pas se sentir respecté dans leur interprétation de la Bible », nous a-t-on transmis. Seul le mouvement R3, constitué à la suite de l’adoption d’un rite pour partenaires enregistrés dans l’EERV, a accepté de nous parler. «La bénédiction des couples de même sexe nous pose problème, par loyauté en- vers la Bible, pour laquelle un couple est composé d’un homme et d’une femme», explique Gérard Pella, pasteur et membre du comité exécutif de R3.